Cantines impayées : des mairies face à la crise

Dans certaines petites communes, les impayés de la cantine représentent l'achat de plusieurs ordinateurs pour l'école - -
Le cas de la fillette des Pyrénées-Atlantiques, extraite de sa cantine la semaine dernière par une policière municipale pour 170 euros d'impayés, n'est pas isolé. Face aux familles qui ne payent pas, des méthodes de plus en plus agressives sont utilisées par les mairies.
Six millions d'élèves mangent chaque jour à la cantine en France, mais de plus en plus de parents n'ont pas les moyens de régler la facture. Samedi dernier dans le Tarn, les policiers de Saint-Sulpice sont ainsi venus au domicile de mauvais payeurs pour leur signifier que leur enfant de 5 ans ne serait plus accepté à la cantine tant que la facture ne serait pas réglée.
Face à la problématique des impayés, les maires disposent de recours (appel aux aides sociales, percepteurs, retenues sur aides sociales) suffisant à régler le problème la plupart du temps. Mais il arrive que face à la mauvaise volonté des familles, la situation dégénère, comme cela s'est produit dans le Sud-Ouest.
« Les impayés augmentent d’année en année »
Maire de La-Ville-aux-Clercs dans le Loir-et-Cher, une petite commune de 1 300 habitants, Isabelle Maincion est également en charge du dossier "cantine" à l'Association des maires de France. Et des impayés, elle en voit régulièrement. « Le sentiment général, c’est que les impayés augmentent d’année en année, et plus particulièrement depuis les crises économiques successives que nous subissons. Je pense que la part d’impayés est d’environ 10%, et dans ma petite commune, 150 repas par jour, c’est plus de 600 euros d’impayés, pratiquement deux petits ordinateurs en milieu scolaire. Ça montre à quel point avec nos budgets tendus, cela peut représenter des sommes importantes ».
« On use tous les recours possibles »
Si elle regrette que la police intervienne parfois, l’élue considère que c’est, parfois, la seule solution. « Je ne condamne pas l’action des maires, mais je suis sûr qu’ils regrettent vraiment l’enchaînement des faits qui ont conduit à cette situation. Je pense que de toute bonne foi, les maires ont mis en application le règlement, à savoir le non-paiement de la part des familles pour que l’enfant puisse manger à la cantine. On use généralement tous les recours possibles et imaginables avant d’arriver à l’ultime ».
« Une situation totalement injuste »
Pour faire face à ces problèmes grandissants, certaines communes ont donc opté pour une solution radicale : la cantine gratuite pour tous. C’est le cas de Drancy en Seine-Saint-Denis. « Beaucoup de familles se retrouvaient en grande difficulté au point que, ne pouvant plus payer la cantine des enfants, avaient des dettes ou retiraient leurs enfants de la cantine, explique le maire UDI, Jean-Christophe Lagarde. Grosso modo, une mère de famille qui gagne 1 200 ou 1 400 euros par mois, seule à élever ses deux enfants, devait payer entre 100 et 130 euros par mois de cantine, et cette situation nous a paru totalement injuste. Nous avons donc pris une décision politique, ça nous coute à peu près 750 000 euros par an pour environ 5 000 repas servis par jour. Vous voyez que ce n’est pas si désastreux que ça ».