BFMTV
Education

A l'étranger ou en France, ces stages annulés à cause du coronavirus

Un amphithéâtre de l'université de Rouen-Normandie à Mont-Saint-Aignan en octobre 2017 (photo d'illustration)

Un amphithéâtre de l'université de Rouen-Normandie à Mont-Saint-Aignan en octobre 2017 (photo d'illustration) - Charly Triballeau-AFP

C'est la déception pour certains étudiants qui devaient partir à l'étranger dans le cadre d'un échange universitaire ou commencer un stage en entreprise, annulés à cause du coronavirus.

Concerts, salons, manifestations sportives… chaque jour, l'épidémie de coronavirus entraîne son lot d'annulations qui n'épargnent ni les professionnels, ni les étudiants. Car depuis quelques jours, les témoignages sur les réseaux sociaux d'étudiants dont les stages et échanges universitaires en France ou à l'étranger ont été annulés se multiplient.

Des stages obligatoires

Ce que confirme à BFMTV.com Mélanie Luce, la présidente de l'Unef, première organisation étudiante, qui ne peut cependant communiquer de données précises sur le nombre d'étudiants concernés. S'il n'y a pas une "avalanche" de cas, cette représentante syndicale évoque néanmoins des exemples d'étudiants qui devaient partir en Chine, Corée du Sud et Italie.

"Quand un échange est annulé à la dernière minute, c'est impossible de le remplacer par un autre. Pour un stage, c'est compliqué de trouver une nouvelle entreprise dans un délai record. Les universités étant sous-financées, les administrations ne sont pas en mesure d'épauler les étudiants pour trouver une solution de remplacement. Ce qui signifie qu'ils vont devoir se débrouiller tout seuls."

Mélanie Luce craint ainsi que ces étudiants ne soient pénalisés dans leur scolarité.

"C'est problématique lorsque ces stages ou échanges sont obligatoires pour valider le cursus. La piste de les faire passer au rattrapage, cela pose aussi problème en licence 3 lorsque l'on veut candidater à un master."

L'année validée?

Le semestre, l'année ou la formation pourraient-elles tout de même être validées sans stage ou séjour à l'étranger pourtant obligatoires? C'est la piste envisagée du côté des écoles d'ingénieurs. La Commission des titres d'ingénieurs, autorité qui supervise ces formations et fixe les critères d'obtention du diplôme, vient d'accorder plus de souplesse aux écoles.

En principe, une formation d'ingénieur impose en moyenne six mois de stage en entreprise ainsi que trois mois à l'étranger. Mais avec le coronavirus, les règles ont été modifiées. Pas question donc de pénaliser les étudiants dont les stages ou séjours auraient été annulés, assure à BFMTV.com Jacques Fayolle, président de la Conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs.

"Les règlements vont tenir compte de cette situation exceptionnelle."

Plusieurs scénarios sont ainsi envisagés, notamment de décaler - si l'étudiant n'est pas en dernière année - et raccourcir le séjour. "Ce qui est tout à fait envisageable tant que la mission garde du sens, précise Jacques Fayolle. Un stage réduit de quinze jours ne dénature pas les compétences professionnelles acquises durant plusieurs mois."

Pas de stage dans l'Oise

Si le président de la Conférence des directeurs des écoles d'ingénieurs ne souhaite pas communiquer le nombre d'étudiants concernés par ces annulations, il indique cependant que "tous les stages et missions à l'étranger, hors Union européenne (UE), sont bloqués". Ce qui pourrait potentiellement représenter un certain nombre des quelque 140.000 étudiants inscrits dans ces formations. Quant aux séjours prévus dans les pays membres de l'UE ou aux stages dans les départements concernés par un cluster, les situations sont étudiées au cas par cas.

"L'un de mes étudiants devait commencer cette semaine un stage dans une entreprise de l'Oise, nous avons décidé qu'il n'irait pas", ajoute Jacques Fayolle, également directeur de l'école d'ingénieurs Télécom Saint-Étienne.

Du côté des entreprises françaises, les annulations de stages ne sont pas encore à l'ordre du jour, affirment à BFMTV.com la RATP et Vinci. Même position chez Eiffage qui précise néanmoins que "nous pourrions être amenés à faire évoluer cette position si nécessaire".

Mais dans le cas contraire, si l'entreprise possède différents sites, il peut être envisagé que l'étudiant effectue son stage sur un autre lieu d'accueil que celui concerné par un cluster, explique encore Jacques Fayolle. "On va laisser aux étudiants le temps de se retourner d'autant que le stage n'est pas une case à cocher mais s'inscrit dans un véritable projet professionnel." Dans son école, 70% des stages débouchent sur un emploi.

Annulé faute d'activité

À l'ESCP aussi, seuls les stages hors UE ont été annulés. Ce qui ne concerne que cinq étudiants. "Nous avons un autre étudiant pour lequel le stage dans le tourisme à Paris, qui devait commencer prochainement, a été annulé pour des raisons économiques, le coronavirus impactant ce secteur", explique à BFMTV.com Léon Laulusa, le directeur général adjoint de l'ESCP.

Pour ces étudiants, plusieurs possibilités: reporter le stage (trois mois minimum à faire avant mars 2021) ou trouver une nouvelle entreprise. Ce qui ne devrait pas trop poser problème: l'ESCP compte chaque année 15.000 offres exclusives.

"Pour nous, l'expérience à l'international est très importante: un diplômé sur deux commence sa carrière à l'étranger."

Quant aux échanges universitaires, ayant débuté au mois de janvier, les étudiants se conforment aux règles de chaque pays. "Pour les étudiants dont les universités ont fermé, notamment en Chine, des cours en ligne permettent de poursuivre la scolarité", ajoute Léon Laulusa. Ce qui est le cas pour deux des six campus de cette grande école de commerce, à Milan et Madrid. 

Céline Hussonnois-Alaya