Crise agricole: le bio est-il la solution?

C'est un métier de passionnés qui ne comptent pas leurs heures et pourtant, de nombreux agriculteurs sont aujourd'hui dans une situation délicate, où se joue leur survie pour certains. Face à une crise agricole qui n'en finit pas, le salut pourrait venir du bio. C'est le choix qu'a fait Philippe, éleveur de porcs labellisé bio depuis 2004. Comme tous les matins dans sa ferme de Normandie, il nourrit ses bêtes avec le foin produit par ses soins. C'est l'une des conditions essentielles pour mériter le fameux Label Rouge, mais ce n'est pas la seule.
"La grosse différence de l'élevage bio c'est qu'il y a beaucoup moins d'animaux au mètre carré et il y a surtout une obligation d'avoir des animaux qui puissent accéder au plein air. Je pense que c'est aussi une condition importante pour un animal qu'il être heureux", explique-t-il tandis que ses cochons gambadent dans l'herbe et se roulent dans la boue.
Maîtrise de la chaîne et contact avec le consommateur
De l'alimentation des bêtes à la négociation des prix avec les distributeurs, Philippe estime contrôler sa chaîne de production de A à Z. Bien loin des producteurs de la filière classique qui passent par des intermédiaires et ne peuvent fixer leurs prix. L'autre avantage de ce Label Rouge, c'est de pouvoir vendre directement aux consommateurs qui sont prêts à payer plus cher tant que la qualité est au rendez-vous.
"Ce sont des produits qui sont bons. Une fois qu'on les a goûtés, on est convaincu et c'est déjà très important! D'autre part ,ce sont des produits dont on connaît la traçabilité. Les producteurs de poulet, de pain et de porc, je sais comment ils travaillent et j'ai pleine confiance en eux", témoigne Agnès, une consommatrice de viande bio.
L'agriculture bio, une panacée pour la France?
Si le bio semble ravir consommateurs et producteurs, ses bénéfices pourraient s'étendre au-delà du monde agricole. Denis Demonpion a signé dans L'Obs une enquête sur l'agriculture bio. Selon le journaliste, elle pourrait permettre un "retour à la terre", dans un pays où "beaucoup de sols sont saturés de produits phytosanitaires qui ont fait la fortune de certains producteurs". Et si à l'arrivée, les prix affichés sont plus élevés dans la filière bio, c'est le prix de la qualité selon lui.
"Quand vous payez moins cher un produit de l'agriculture conventionnelle qui a poussé avec des pesticides, vous finissez toujours par le payer d'une autre façon. Sur le plan environnemental, puisqu'il faut ensuite nettoyer les sols. Sur le plan de la santé souvent. Sur le plan de l'emploi aussi: un agriculteur bio fera appel à plus de main d'œuvre. Quand on a plus de six millions de consommateurs et qu'on voit que le bio pourrait créer plus de 600.000 emplois, ce n'est pas rien", détaille-t-il.