Courses de dromadaires, sonneurs de trompe, couscous: qui sont les candidats au patrimoine culturel de l'Unesco?

Une manifestation de sonneurs de trompe en Corrèze, le 20 mai 2000. - MICHEL HERMANS / AFP
Entre "la tradition du concours de fauchage d’herbe à Kupres", "les savoir-faire liés à la production et à la consommation du couscous" ou encore "l'art musical des sonneurs de trompe", quelle pratique fera son entrée en 2020 au patrimoine culturel immatériel de l'humanité? Chaque année, le Comité se réunit pour évaluer les candidatures et décider d’inscrire ou non les expressions culturelles d'un patrimoine qui lui sont proposées.
Cette année, 45 dossiers sont à l'étude dont cinq soumises par l'Hexagone aux côtés tantôt de la Suisse, tantôt de l'Italie ou encore de l'Allemagne et de la Norvège. La France a ainsi décidé de faire valoir "la yole de Martinique", un bateau typique, étroit et allongé, propulsé à l'aviron ou à la voile.

Une autre proposition, plus cocasse, lui revient, celle de "l'art musical des sonneurs de trompe, une technique instrumentale liée au chant, à la maîtrise du souffle, au vibrato, à la résonance des lieux et à la convivialité".
Des pratiques lourdes de sens et de symboles
L'Algérie, la Mauritanie, le Maroc et la Tunisie tentent eux aussi de faire entrer l'une de leurs expressions culturelles au patrimoine immatériel de l'Unesco avec "les savoirs, savoir-faire et pratiques liés à la production et à la consommation du couscous".

Les Emirats Arabes Unis et Oman misent quant à eux sur "la course de dromadaires, pratique sociale et patrimoine festif associés aux dromadaires". Si les intitulés peuvent parfois faire sourire, ils désignent en réalité des pratiques lourdes de sens et de symboles pour les pays qui les proposent.
"Source d'inspiration et de créativité"
Ainsi, les courses de dromadaires sont considérées, à Oman et dans les Emirats Arabes Unis, "comme un patrimoine culturel important (...) C’est l’un des sports que les sociétés du golfe Persique pratiquent depuis des siècles" à l’occasion, notamment, d'événements comme les mariages et les jours fériés, peut-on lire dans leur dossier.
Et d'ajouter: Les dromadaires "représentent un aspect fondamental du mode de vie nomade ainsi qu’une source d’inspiration et de créativité dans la poésie et la chanson."
Il en va même pour le couscous pour les pays de l'Afrique du nord-ouest. Ce plat traditionnel "fait partie de la mémoire collective des marocains, qui se prolonge par les symboles, le goût, les odeurs et l'éloquence, et qui est omniprésent dans toutes les maisons marocaines aussi bien du monde rural que dans le milieu citadin", est-il raconté dans leurs dossiers de candidature.
Protéger le patrimoine vivant
Cette candidature n'a pas été simple, précise Le Parisien. Car en 2016, l'Algérie avait candidaté seule pour l'inscription de cette tradition au patrimoine culturel de l'Unesco, s'attirant les foudres de ses voisins. Quatre ans plus tard, le dossier est finalement conjointement présenté par l'Algérie, la Mauritanie, le Maroc et la Tunisie.
"L'art musical des sonneurs de trompe" est quant à lui né il y a plusieurs siècles en Europe dans un cadre "cynégénitique" (qui se rapporte à la chasse, ndlr), rappelle la Fédération internationale des trompes de France dans son dossier de candidature. La FITF souligne que cet art s'est ensuite développé hors de ce cadre stricte et a eu une "influence considérable sur la musique dite 'savante'" et qu'il a été "utilisé par les plus grands génies de l'Histoire de la musique".
Les pays qui ont postulé afin de protéger "les pratiques, représentations, expressions et savoir-faire transmis de génération en génération au sein d'une communauté", selon les textes de l'Unesco, devront attendre un peu avant la décision. Le comité est encore réuni pour quatre jours, jusqu'au 19 décembre.