Côtes-d'Armor: ce que l'on sait de l'intoxication au monoxyde de carbone dans une école bretonne

L'agitation s'est emparée de l’école primaire Saint-Guillaume située à Saint-Alban dans les Côtes-d’Armor, en Bretagne, vendredi 8 décembre. Plusieurs personnes dont une majorité d'enfants ont été placés en urgence absolue au cours de la journée après avoir été victime d'une intoxication au monoxyde de carbone au sein de l'établissement. Sept personnes restaient en urgence absolue sans que leur pronostic vital ne soit engagé vendredi soir.
Ce samedi 9 décembre, toutes les personnes hospitalisées sont rentrées chez elles, a appris BFMTV. "Tous les enfants sont rentrés chez eux" et "plus personne n'est hospitalisé", a confirmé la maire de la commune, Nathalie Beauvy, à l'AFP.
• Une alerte déclenchée dans la matinée
Après des plaintes de maux de tête de la part d'élèves et d'adultes présents à l’école privée Saint-Guillaume, le groupement de gendarmerie a signalé à la préfecture une possible intoxication au monoxyde de carbone vers 11h15. 76 élèves et 5 adultes ont alors été évacués et accueillis à la salle des fêtes de la commune.
Le dispositif Novi, un plan d'urgence pour secourir un nombre important de victimes dans un même lieu, a été déclenché à 12h30 puis levé dans l'après-midi.
De nombreux moyens ont été mobilisés. 55 sapeurs-pompiers, une équipe de six gendarmes et six équipes du SAMU ont été dépêchés sur place.
De nombreux vecteurs de secours ont également été déployés: 29 au total. On compte parmi cette mobilisation matérielle, quatre hélicoptères dont trois du SMUR (le service mobile d'urgence et de réanimation) et un Dragon de la sécurité civile, neuf véhicules de secours et d’assistance aux victimes du Service départemental d'incendie et de secours (SDIS), une ambulance du SAMU, sept de la sécurité civile et huit ambulances privées.
• Jusqu'à 14 personnes en urgence absolue
Parmi les 66 enfants et adultes de l'établissement pris en charge par le SAMU, 48 ont été catégorisés comme victimes d'une intoxication au monoxyde de carbone.
Si les bilans communiqués à la presse par la préfecture ont évolué au cours de la journée, jusqu'à 14 personnes, dont une majorité d'enfants, ont un temps été considérés en urgence absolue. En raison d’une sursaturation en monoxyde de carbone, elles ont eu des troubles neurologiques ou ont perdu connaissance.
Sept d'entre elles ont été transférées au caisson hyperbare du CHU de Brest pour recevoir de l'oxygène et cinq ont été envoyées aux urgences de Saint-Brieuc.
Grâce au traitement, les symptômes et le taux de carboxyhémoglobine (HbCo) de certaines personnes ont évolué positivement. Selon nos dernières informations, sept personnes dont des enfants restaient vendredi soir en urgence absolue.
Les personnes en urgence absolue sont restées conscientes et leur pronostic vital n'a pas été engagé. Une information confirmée sur BFMTV par la maire de Saint-Alban, Nathalie Beauvy.
"C’est pour moi une nouvelle rassurante de savoir qu’ils sont tous pris en charge et qu’il n'y a pas d'enfant pour qui le pronostic vital est engagé", souligne-t-elle.
17 personnes ont également été considérées en urgence relative au cours de la journée et 23 personnes au total ont été évacuées vers les services pédiatriques des CHU de Saint-Brieuc, Saint-Malo, Fougères et Rennes. Trente personnes restent hospitalisées.
• Un traitement par oxygénothérapie
Les personnes en urgence absolue ont été hospitalisées et traitées par oxygénothérapie.
Le principal moyen de soigner une intoxication au monoxyde de carbone est en effet de "délivrer de l'oxygène à forte dose", explique à BFMTV le Dr Jérôme Poussard, médecin urgentiste et membre de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France. Un traitement réalisé via des "masques de concentration" ou par "oxygénothérapie hyperbare".
Cette méthode, qui consiste à mettre une personne dans un caisson et à lui faire "respirer de l'oxygène à très forte pression", est privilégiée quand sont perçus des signes de gravité, neurologiques ou cardiaques, des pertes de connaissance ou des signes qui pourraient mimer un infarctus du cœur". Sept personnes ont donc été traitées par oxygénothérapie hyperbare.

• Une cellule médico-psychologique mise en place
Le dispositif de sécurité étant levé, la reprise des cours est prévue lundi prochain à l'heure habituelle, à 8h30. Une cellule médico-psychologique a toutefois été mise en place et le sera de nouveau lundi à destination des enfants, parents et enseignants.
Les enfants ont en effet pu être bouleversés par l'important dispositif déployé sur le lieu de scolarité. "Quand il y a un traumatisme comme cela, l'important c'est de faire parler les enfants", souligne le Dr Alain Ducardonnet, consultant santé de BFMTV.
"On était inquiets en tant que parents mais tout rentre dans l'ordre, en tout cas pour mon fils, j'espère que pour les autres enfants ce sera pareil", déclare Aurélie Dayot, la mère d'Ethanaël scolarisé dans cette école, à la presse.
Elle ajoute: "ça fait peur mais après on savait qu'ils étaient pris en charge. La directrice avait mis un message assez rassurant disant qu'ils allaient tous bien, que les pompiers et le Samu étaient sur place".
• Une chaudière comme principale suspecte
La source de ces intoxications au monoxyde de carbone serait à chercher du côté de la chaudière à fioul de l'établissement. Elle aurait pris feu et du monoxyde de carbone se serait alors propagé. La chaudière a été placée sous scellés.
Une enquête est menée par les gendarmes locaux.
"Le danger du monoxyde carbone est qu'il est complètement inodore, qu'il n'irrite absolument pas, qu'il est incolore", souligne Jean-Paul Hamon, médecin généraliste et président d'honneur de la Fédération des médecins de France à BFMTV.
Tout en rappelant le "danger de tous les appareils à combustion" il souligne que "généralement, l'intoxication se fait lentement". "Les gens ont des maux de tête, des vertiges. Si ça dure toute une nuit, on peut rentrer dans le coma ou en mourir, mais là visiblement tout a été fait rapidement, donc on peut respirer", détaille le médecin.