BFMTV
Société

Coronavirus: la France est l'un des pays les mieux préparés à affronter l'épidémie

BFMTV
En l'espace de quelques heures, l'épidémie du coronavirus a pris une ampleur nouvelle en Europe, avec notamment plusieurs décès en Italie. Pour autant, la France semble armée, et surtout prête, à une potentielle propagation.

"Nous prenons toutes les mesures qui sont nécessaires pour assurer la sécurité des Français." Ce dimanche, peu après l'annonce de plusieurs cas de patients infectés par le coronavirus dans le nord de l'Italie, le nouveau ministre de la Santé Olivier Véran a voulu se montrer rassurant

Pourtant, la situation au nord du pays, dans une zone frontalière de la France, inquiète. En l'espace de quatre jours, 283 personnes ont été infectées par le Covid-19 et 7 sont mortes. De fait, une quarantaine de deux semaines a été mise en place dans onze villes de la région. 

Pour autant, la France, qui a déjà ces dernières semaines été confrontée à plusieurs cas de patients contaminés, notamment aux Contamines-Montjoie en Haute-Savoie, semble armée face à une possible propagation de la pandémie. 

La France est prête

Interrogé par BFMTV, Eric Caumes, chef du service des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital de la Salpêtrière, assure que le gouvernement semble avoir pris la mesure de la situation, saluant les mesures annoncées par le ministre dimanche. 

"Nous avons plus de places pour les malades, dans 70 établissements supplémentaires, et donc plus de capacité de diagnostic pour tester les personnes plus rapidement. Il y a aussi plus de commandes de masques. Il n'y a pas de raison de s'inquiéter plus que ça", analyse-t-il.

La France est d'ailleurs classée au 11e rang des pays les mieux préparés à faire face à une épidémie, selon un rapport d'octobre 2019 réalisé par des experts indépendants et repéré par Le Figaro. Ces derniers ont évalué la capacité des pays à affronter une épidémie en fonction de six indices: la prévention, la détection, la réponse rapide, le système de santé, l'ajustement aux normes internationales et le risque environnemental. 

En se basant sur ces critères, la Nuclear threat intiative et le Johns Hopkins centre for health security établissent que les trois pays les mieux préparés sont les Etats-Unis, le Royaume-Uni et les Pays-Bas. La France arrive au 11e rang et brille par sa faculté à prévenir les épidémies et à lutter contre l'antibiorésistance, "signe d'une politique efficiente dans la lutte contre les maladies infectieuses", note le quotidien.

"L’épidémie se diffuse à travers le monde" 

L'Italie, en revanche, peine à se démarquer sur ce sujet, selon le rapport qui la place en 55e position dans le domaine du "risque environnemental" et de la "vulnérabilité du pays en cas de menace biologique". Une source d'angoisse pour ses voisins car ce critère synthétise la faculté d'un Etat à prévenir, détecter et répondre à une épidémie. Or, moins le pays est bon dans ce secteur, plus le risque que l'épidémie franchisse ses frontières est élevé.

Patrick Pelloux, médecin et président de l'Association des médecins urgentistes de France, note d'ailleurs qu'il existe une réelle différence entre la situation italienne et celle de l'Hexagone:

"Pour ce qui est de la France, on a fait attention aux personnes qui avaient les premiers symptômes ou qui revenaient de Chine. Ce qui se passe en Italie est inquiétant car l’épidémie se diffuse à travers le monde alors il faut adapter le système", analyse-t-il au micro de BFMTV, soulignant toutefois que la mobilisation de nouveaux établissements hospitaliers pourrait créer des problèmes d'effectif. 

"Une autre dimension" 

Alors que le virus s'étend ce mardi à deux nouvelles régions de l'Italie, la France se prépare un possible retour du Covid-19: "S’il y a des afflux au niveau des services des urgences, il faudrait pouvoir détecter plus rapidement les malades suspects, voire les isoler, prévoir des secteurs où ils pourraient être accueillis", ajoute l'urgentiste. 

Des méthodes plus radicales pourraient également être mises en oeuvre, explique de son côté Anne-Claude Crémieux, spécialiste des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-louis de Paris. 

"On peut imaginer que les personnes qui viennent de ces pays observent une période de quarantaine de 14 jours. Ce sont des mesures de bon sens. On doit passer à une autre dimension."

La fermeture des frontières n'aurait "aucun sens"

La France semble donc bien préparée à une expansion plus rapide de l'épidémie, et la fermeture des frontières, du moins des contrôles plus assidus, ne semble pas prioritaire. La demande en avait été faite lundi matin par Éric Ciotti, député des Alpes-Maritimes, département frontalier de l'Italie. 

Cette mesure "n’aurait aucun sens", a affirmé ce mardi le ministre de la Santé, Olivier Véran. "Un virus ne s’arrête pas aux frontières", avait-il déjà affirmé sur France 2 dimanche soir soulignant qu'il "n'y avait pas à proprement parler d'épidémie en Italie" puisque les autorités ont au contraire pris des mesures, notamment de confinement, "pour éviter qu'il y ait une épidémie".

"Fermer les frontières c’est un peu tard. Ça aurait pu être fait il y a un mois mais ce n’est même pas sûr que ça aurit limité les contaminations", souligne Patrick Pelloux. 

"En tant que médecin, je pense que ce n’est absolument pas utile. C’est une décision politique qui émane d’un politique", conclut encore Eric Caumes. 

Hugo Septier avec Ambre Lepoivre