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Confrontées à un manque de personnel, les urgences du CHU de Bordeaux réservées aux cas graves la nuit

Dès mercredi 18 mai, les urgences de l'hôpital Pellegrin mettent en place un système de régulation des patients pour faire face au manque de personnel dans l'établissement

Dès mercredi 18 mai, les urgences de l'hôpital Pellegrin mettent en place un système de régulation des patients pour faire face au manque de personnel dans l'établissement - MEHDI FEDOUACH - AFP

A compter de ce mercredi, les urgences de l'hôpital Pellegrin, à Bordeaux, mettent en place un système de régulation des patients. Ainsi, seuls les cas graves pourront être admis aux urgences la nuit, pour pallier le manque de personnel.

Au début du mois de février, dans le hall d'entrée du CHU Pellegrin à Bordeaux, le premier site d'urgences de la région Nouvelle-Aquitaine, des chapiteaux supportant deux tentes blanches accueillaient les patients.

"Pour éviter que les gens ne meurent devant les urgences ou dans les couloirs des urgences – ce qui est déjà arrivé ces derniers mois – on a décidé de faire de la médecine de catastrophe, avec les outils de la médecine de catastrophe", justifiait auprès de BFMTV Aude Grigoletto, médecin urgentiste, membre du collectif "Urgences Bordeaux".

Depuis, la situation ne s'est guère améliorée. La tension est même plus extrême que jamais. Ainsi les mesures pour pallier le manque de moyens montent encore d'un cran.

Les urgences fermées, sauf pour les cas graves

Dès ce mercredi, un système de régulation des patients va être mis en place. Autrement dit, le service des urgences de l'hôpital Pellegrin va fermer ses portes au grand public entre 20 heures et 8 heures du matin. Il sera donc impossible de vous rendre aux urgences sans avoir préalablement contacté le 15, sauf cas grave.

Selon l'Agence Régionale de Santé de Nouvelle-Aquitaine, pour les patients n'ayant pas appelé le 15, "un téléphone relié au SAMU-Centre 15 est accessible devant l'accès des urgences".

Pour nos confrères de 20 Minutes, Gilbert Mouden, infirmier anesthésiste et délégué syndical Sud Santé détaille:

"Entre 17 heures et 22 heures, deux personnes de la Sécurité civile seront postées à l’entrée des urgences pour aiguiller les personnes qui n’ont pas été régulées via le 15, et à partir de 22 heures, la porte sera fermée avec un interphone pour communiquer".

Plusieurs hôpitaux de la région ont déjà mis en place ce système

A Bordeaux, les urgences de centre-ville à l’hôpital Saint-André vont continuer à fonctionner normalement, tout comme celles des cliniques privées.

Comment en est-on arrivé à cette situation? Selon le directeur général du CHU, Yann Bubien, cité par Sud Ouest, l'hôpital Pellegrin connaît des "tensions sur les ressources humaines depuis l'été 2021. Beaucoup de démissions, de contrats renouvelés, de départs."

"Tout le système d'urgences déraille" et "le pire n'est malheureusement pas derrière mais devant nous...", a pour sa part réagi dans un communiqué le syndicat Sud Santé Sociaux du CHU de Bordeaux, estimant que le système d'appel aux urgences est "également en grande souffrance par manque de moyens humains" et "renforcé par plus de 40 étudiants en médecine pour maintenir une réponse acceptable au 15".

Plusieurs hôpitaux de la région comme à Jonzac (Charente-Maritime), Sarlat (Dordogne), mais aussi Orthez et Oloron-Sainte-Marie (Pyrénées-Atlantiques), ont déjà adopté un système similaire ou limité le nombre de jours d'ouverture des urgences, selon l'ARS.

Mathieu Ait Lachkar avec AFP