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Société

Cannabis : "la proposition de Ciotti n'est pas très réaliste"

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Vincent Peillon a estimé lundi qu'un contrôle annuel du cannabis chez les lycéens, proposé par un député UMP, ne suffirait pas face à ce qui est pour lui "un problème de santé publique".

Que faire pour lutter contre la consommation de cannabis à l'école ?

Le député UMP des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti,relance le débat. Il veut déposer une proposition de loi pour rendre obligatoire un dépistage de la consommation de drogue chez les lycéens, au moins une fois par an.

Une mesure loin d'être suffisante pour le ministre de l'Education Vincent Peillon, pour qui la consommation de cannabis reste "une question de santé publique". Le ministre met en avant la politique de "prévention et l'accompagnement" du gouvernement.

Dans les lycées, l'idée d'un dépistage fait bien rire. "Il y aurait 80% du bahut dans la m....", s'amuse une lycéenne au micro de RMC. "On ne se dira pas le samedi 'oh non mince lundi contrôle d'urine !", rigole une autre. Les lycéens ont été informés mais estiment pour certains que "les effets néfastes de la marijuana, il n'y en a pas tant que ça". "Je fume parfois jusqu'à 10 joints par jour, même parfois dans la cour de l'école", raconte Sophie, lycéenne parisienne.

Philippe Tournier, secrétaire général du SNPDEN a estimé sur RMC que "la proposition d'Eric Ciotti avait pour but de lancer un débat parce que techniquement, elle n'est pas très réaliste", rappelant que la France compte 700 000 lycéens. "On peut imaginer des tests ici et là. Mais pas de dépistage général, (...). Sur cette question, l'école est déjà une des institutions les plus fermes", a-t-il estimé.

D'après lui, "il n'y a aucun regain particulier sur ce produit là, en revanche, l'alcool attention", a-t-il alerté.

Sanctions ou prévention ?

Jacques Myard, député UMP des Yvelines, estime qu'"il faut qu'il y ait des sanctions". "S'il y a des gros bonnets c'est qu'il y a aussi des petits consommateurs", selon lui et "il faut à la fois lutter,mettre en garde et sanctionner", conclut le député sur RMC.

La députée EELV de la Somme Barbara Pompili, considère quant à elle que la répression "ne résoudra rien aux problèmes d''addiction des jeunes". D'après elle, ils se retrouvent face à "des produits dangereux mais qui leur sont très accessibles". Il faut donc "les aider" et "pouvoir en parler sans qu'ils aient la peur du gendarme".

Jean-Pierre Couteron, addictologue et président de la Fédération Addiction, pense qu'"il faut des actions d'intervention précoce". Pour ce spécialiste de la question, "la prévention qui se contente de donner des grands messages généraux (...) n'est pas suffisante". Il faut, selon lui, agir "quand il est encore relativement facile d'inverser une tendance".

Selon l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies, la France est derrière la République tchèque le pays où la consommation de cannabis est la plus élevée chez les 15-16 ans (enquête 2010/2011) : près de 40 % déclarent avoir consommé au moins une fois du cannabis.

|||>> Cannabis au lycée : faut-il des dépistages obligatoires ?

La rédaction avec J-B. Durand et J. Zeghoudi