"C'est une dinguerie": malgré l'interdiction, se procurer des mortiers d'artifice n'est pas si compliqué

Depuis ce week-end et la publication dans le Journal officiel d'un décret interdisant la vente, le port et le transport d'articles pyrotechniques et artifices de divertissement jusqu'au 15 juillet, il est (théoriquement) impossible de s'en procurer sur le territoire national. Une mesure décidée pour limiter le risque de potentiels débordements les 13 et 14 juillet prochains, après la mort de Nahel, tué par un policier le 27 juin dernier.
BFMTV a toutefois constaté qu'il était assez simple de se procurer ce dimanche des feux d’artifice, mortiers, et autres "chandelles romaines" interdits à la vente aux particuliers.
En cherchant sur les réseaux sociaux, notamment Snapchat et Telegram, des revendeurs proposent publiquement leurs offres. En quelques messages, les adresses sont obtenues et le rendez-vous est fixé.
Commandes en Pologne
Les prix varient de 15 à 20 euros pièce selon le format de l'engin. "Le marché, c'est une dinguerie. Moi j'avais fait la commande bien avant les émeutes, ça a mis du temps à arriver", raconte un vendeur filmé grâce à une caméra discrète.
Ce dernier dit faire partie "d'un groupe de supporters" et commander son matériel "en Pologne."
Lors d'une deuxième vente, c'est un enfant d'à peine dix ans qui s'est présenté au rendez-vous en bas d'un immeuble, avec les cinq mortiers qui avaient été commandés. C’est lui qui a donné les engins en main propre et a récolté l'argent.
Les vendeurs se montrent de plus en plus prudents. Car depuis plusieurs jours, les autorités multiplient les opérations: en Île-de-France, 1,5 tonne de mortiers saisie en région parisienne en l'espace d'une semaine début juillet.
Un décret insuffisant?
Le marché reste toutefois très lucratif. Un autre revendeur, qui lui n’avait plus rien à vendre ce week-end, assurait à BFMTV qu’il aurait à nouveau de la marchandise qui lui serait livrée ce mardi.
"Ce n'est pas un décret pris à quelques jours du 14-Juillet qui va régler le problème. Il faut une législation plus forte pour totalement empêcher la vente. Et derrière, bien sûr, il faut appliquer là loi", explique au micro de BFMTV Nicolas Nordman, adjoint à la sécurité d’Anne Hidalgo.
En attendant, la mairie de Paris va partir toute la semaine à la chasse au mortier jusqu'à vendredi. "Que ce soit dans les parties communes d'immeuble de logements, dans des parcs, on découvre des cachettes avec des artifices et mortiers qui sont là. Nous mobilisons très fortement nos équipes pour aller à la recherche de ces caches et demander ensuite à la police nationale de faire des saisies", assure Nicolas Nordman.