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Société

C'est quoi ce banquet du Canon français à Béziers, qui inquiète de plus en plus les élus de gauche?

Les arènes de Béziers le 17 juillet 2024 (image d'illustration)

Les arènes de Béziers le 17 juillet 2024 (image d'illustration) - Photo par BRINGARD DENIS / HEMIS.FR / hemis.fr / Hemis via AFP

Organisateur de ripailles dans toute la France, cette entreprise rachetée par le milliardaire ultra-conservateur Pierre-Édouard Stérin, est accusée, par l'opposition municipale, de promouvoir des valeurs nationalistes.

Les organisateurs vantent "un nouveau banquet qui s'annonce encore plus mémorable que le premier". Un an après l'organisation de la première édition biterroise, le Canon français organise un nouveau rassemblement le 27 septembre prochain, dans les Arènes de Béziers.

Moyennant une réservation à 79.99 euros et à condition d'être majeur - ou accompagné d'un parent - tout le monde peut assister à ce banquet, qui sera suivi, selon la page de l'événement sur le site du Canon français, d'une "bodega géante, où la fête se prolongera" jusqu'à minuit.

Les organisateurs prônent le boire et le manger à la française, avec "un menu copieux et local" - à raison d'un kilogramme de nourriture par personne, le tout mettant à l'honneur la convivialité et le terroir français. Avec, en introduction, une Marseillaise la main sur le cœur.

Le Canon français est une société spécialisée dans l'événementiel, créée par Géraud de la Tour et Pierre-Alexandre de Boisse à la sortie de la pandémie de Covid-19 dans la région de Tours, pour venir en aide à un viticulteur local impacté par la crise sanitaire.

"Généralement, nous organisons ces banquets à la manière d’Astérix et Obélix dans des lieux historiques", expliquait en mai dernier à La Dépêche Géraud de la Tour. "Tout le monde est assis autour des mêmes grandes tables, tout le monde partage le même repas."

Critiques à gauche

Des événements festifs sans connotations partisanes a priori mais qui se sont retrouvés accusés de promouvoir des valeurs nationalistes. En juillet dernier, le journal l'Humanité révélait que le milliardaire ultra-conservateur Pierre-Édouard Stérin avait fait main basse sur ces "banquets franchouillards au pinard-saucisson".

De quoi susciter une levée de boucliers à gauche, où on dénonce une nouvelle manœuvre de l'entrepreneur de diffuser des valeurs d'extrême droite. En août, le Parti communiste, LFI et des représentants syndicaux avaient demandé l'interdiction pure et simple d'un banquet du Canon français organisé à Bourges, le 24 août.

"Nous, ce qui nous interpelle, c'est l'entrée au capital du Canon Français de Pierre-Edouard Stérin, un milliardaire français, évadé fiscal qui a, à maintes reprises, professé son envie d'évangéliser les bébés de souche européenne", s'indignait sur Ici Berry Étienne Meignant, co-porte-parole de la France insoumise dans le Cher. "Des propos quasiment eugénistes. Nous, on s'oppose à l'implantation de réseaux économiques et culturels dans notre département qui seraient des ramifications de ce projet-là."

Événement populaire

Face à ces critiques, les organisateurs oppposent que des municipalités marquées à gauche, ont reçu les cannoniers. C'est le cas d'Uzerche, en Limousin, ville dirigée par un maire communiste, où a eu lieu le "banquet corrézien" en avril dernier.

Chaque grand-messe organisée par le Canon français peut rassembler plusieurs centaines de personnes et jusqu'à 2.000 à Toulouse en mai 2024. Béziers ne dérogera pas à la règle. "Ici c'est charcutaille, pinard et rigolade", annonce la ville de Robert Ménard sur Facebook. "On se cale autour d’une grande tablée, on sort le béret, on relâche la ceinture d’un cran et on bouffe comme si demain n’existait pas. Du sauciflard, du fromage qui pue, du vin rouge qui tâche la nappe et des copains qui chantent trop fort: bref, le terroir."

Et la recette fonctionne: des événements complets et des millions de vues sur les réseaux sociaux, 240.000 abonnés sur TikTok ou 294.000 sur Instagram.

Lucie Valais Journaliste BFMTV