Après les blocages et manifestations, le champ d'action des gilets jaunes s'élargit

Le samedi 26 janvier 2019 sera le 11e week-end de mobilisation des gilets jaunes. (Photo d'illustration) - Philippe Huguen - AFP
La mobilisation dure depuis déjà plus de deux mois. Jour après jour, les gilets jaunes continuent d'occuper certains ronds-points et barrières de péages, et samedi après samedi, ils défilent dans les rues des grandes villes de l'Hexagone.
Une liste aux européennes
La contestation commence toutefois à muer en de nouvelles initiatives, notamment pour s'inscrire dans la durée. L'annonce la plus marquante de ces derniers jours est la constitution d'une liste pour les élections européennes de mai prochain, que de nombreux gilets jaunes récusent notamment sur le groupe Facebook "La France en colère !!!" d'Eric Drouet.
Dans un communiqué, le "ralliement d'initiative citoyenne" (RIC) - même acronyme que le référendum d'initiative citoyenne, une des principales revendications des gilets jaunes - a diffusé mercredi un embryon de liste comprenant dix noms avec à sa tête Ingrid Levavasseur, une aide-soignante normande de 31 ans, qui est l'une des figures du mouvement.
"Transformer la colère en un projet politique humain"
L'objectif est de constituer une liste complète de 79 candidats d'ici "mi-février" en vue du scrutin du 26 mai qui doit désigner les eurodéputés français, a précisé l'un de ses responsables, via un appel à candidatures ouvert "à tous les citoyens" et une votation interne entre les candidats actuels.
Ce responsable, Hayk Shahinyan, estime auprès de l'AFP que la contestation a fait "apparaître la nécessité de transformer la colère en un projet politique humain, capable d'apporter des réponses aux Français qui soutiennent le mouvement des gilets jaunes depuis des mois".
Ce "projet politique humain", d'autres gilets jaunes l'expriment autrement: plusieurs associations se sont ainsi constituées comme sur le territoire de Belfort, en Charente ou encore en Seine-et-Marne.
"Les gilets jaunes ont tapé du poing sur la table pour dire non. À un moment, il faut proposer quelque chose. On ne se positionne pas comme des leaders, ni des porte-parole, mais comme une plateforme qui anime des groupes de travail", déclare ainsi dans Sud Ouest Isabelle, co-fondatrice d'Initiative Citoyenne Cognac.
Une manifestation nocturne
Plus radicaux, d'autres comme Eric Drouet appellent à une "grève générale illimitée" et un "blocage total" à partir du mardi 5 février. C'est la CGT, à l'origine, qui avait lancé l'idée au nom de "l'urgence sociale". Jean-Luc Mélenchon et Olivier Besancenot ont tour à tour exprimé leur soutien à cette mobilisation.
"Je résume un peu", postait le 22 janvier Eric Drouet sur Facebook. "Vendredi soir blocage du périph (parisien, NDLR), samedi nocturne, 5 février grève générale", poursuivait-il alors. Lundi soir, il adressait une lettre ouverte au président de la République afin de demander une rencontre et prévenait que "plus que jamais, le mouvement (allait) s'intensifier".
En parallèle, dans un live Facebook, le gilet jaune réagissait aux questions des internautes et déclarait: "Les manifs en journée, c'est bien et tout mais c'est pas comme ça que ça va bouger. Les gens veulent mettre un bon coup et qu'enfin on soit écoutés".