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Société

Après avoir publié la lettre d'un violeur, Libération reconnaît "de nombreuses maladresses"

La Une de Libération ce lundi 8 mars

La Une de Libération ce lundi 8 mars - Une de Libération

Le 8 mars, le quotidien a publié la lettre d'un violeur dans un dossier consacré aux violences sexuelles. Ce choix éditorial a déclenché la polémique. A posteriori, le journal exprime ses regrets.

"Nous sommes désolés de nous être si mal fait comprendre." Après avoir déclenché une polémique, Libération a reconnu "de nombreuses maladresses" liées à sa Une de lundi. Le 8 mars, journée internation des droits des femmes, le journal a publié un dossier consacré au viol d'une jeune femme par son compagnon. Ce dernier a adressé une lettre de confession à Libération qui l'a publiée, accompagnée de deux autres articles pour la recontextualiser: l'un donnant la parole à la victime qui avait au préalable consenti à la parution, et l'autre justifiant la démarche du quotidien.

Bien qu'expliquée, l'approche de ce sujet de société n'a pas fait l'unanimité. Parmi les nombreux messages d'indignation, on retient notamment celui de la militante féministe, Caroline de Haas:

"En fait, TOUT est indécence, mépris et violence dans ces papiers de Libération. TOUT. C’est l’angoisse absolue. (Notre zone de confort?!?!?! Sérieusement? T’écris un papier sur le viol et tu parles de zone de confort)", écrit-elle sur son compte Twitter.

La linguiste et universitaire Laélia Véron a quant à elle estimé qu'un "texte comme ça ne doit pas être valorisé, par une personnalisation à la Une. Il doit servir de corpus (...) Il doit être analysé, parmi d'autres textes (...) et mis en perspective sociologiquement."

"Profond regret"

Face aux critiques, le directeur de la rédaction du quotidien a publié lundi soir un billet dans lequel il fait un mea culpa.

"Il nous a semblé que jeter cet aveu d’un viol conjugal à la poubelle ne ferait que renforcer l’invisibilité de ce crime, et serait donc un manquement à notre mission (...) Si certains de nos lectrices et lecteurs ont approuvé cette approche, d’autres, y compris au sein même de la rédaction, nous ont reproché de nombreuses maladresses", reconnaît Dov Alfon.

Parmi les inhabiletés retenues: la Une, "bien évidemment malheureuse" et le calendrier. "La publication le 8 mars, complètement erronée", concède le directeur de la rédaction. Il regrette que certains aient "ressenti comme une banalisation de ce que nous avions conçu comme une dénonciation", et écarte toute ambiguïté dans le choix éditorial:

"Cette publication s’inscrit évidemment et pleinement dans notre combat quotidien contre les violences faites aux femmes et contre les crimes sexuels. A ceux qui ne l’ont pas comprise comme telle, ou qui en ont été choqués tout en la comprenant, nous présentons notre profond regret de les avoir déçus", conclut Dov Alfon.
Ambre Lepoivre Journaliste BFMTV