Allocations familiales au premier enfant : une bonne idée ?

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Le texte, soutenu par 91 autres députés UMP, préconise que la somme touchée soit désormais identique pour chaque enfant à compter du premier inclus, à budget constant (c'est-à-dire sans surcoût pour les CAF). Actuellement, aucune allocation familiale n'est versée pour le premier né d'une famille. Un montant de 125,78 euros par mois est versé pour le deuxième. 286,94 euros pour le troisième. Puis 161,17 euros mensuels par enfant supplémentaire. Selon Christian Estrosi, le système actuel « exclut le premier enfant alors même que c'est celui qui coûte le plus cher à un couple qui s'installe. La justice, c'est d'accompagner ces gens ». L'ancien ministre estime ainsi qu'il n'est pas normal que les allocations touchées pour chaque nouvel enfant augmentent alors que leur « coût est identique, voire décroissant, puisque les affaires du premier servent souvent au second. Donc il n'y a aucune raison que la somme soit progressive ».
« Encore de l'assistanat ! »
Qu'en pensent les premiers intéressés, les parents eux-mêmes ? Karine, mère d'une fille unique de 17 ans, n'a jamais bénéficié d'allocations familiales. Et elle est contre la proposition de l'UMP: « On n'est quand même pas payés pour faire des enfants. Ca ne coûte pas si cher un enfant, il ne faut pas plaisanter. Dans le hard-discount, on trouve des petits pyjamas à 3 ou 4 euros, c'est pas des fortunes. C'est après qu'ils coûtent cher, pas quand ils sont bébés. On verse trop d'allocs en France. Allocations logement, allocations familiales, allocations ceci ou cela... Et maintenant allocation de premier enfant. Et après ça va être quoi ? C'est encore de l'assistanat, je trouve qu'il y en a assez comme ça en France ! ».
« On est toujours content d'avoir une petite aide »
Blandine, 41 ans, a également une fille unique de 15 ans. Elle et son mari n'ont pas eu d'autre enfant pour des raisons financières, dit-elle. Et elle aurait bien aimé toucher une allocation: « Si on avait été un peu plus à l'aise, on aurait pu envisager plus facilement d'en faire un deuxième, c'est vrai. Quand on est jeune et qu'on démarre dans la vie, on est toujours content d'avoir une petite aide pour élever ses enfants. On est jeune en général quand on fait le premier enfant, et on ne roule pas sur l'or ».
« On peut se passer les petites culottes, mais pas le beefsteak ! »
Chez beaucoup d'associations familiales en revanche, la mesure proposée provoque une vraie colère, comme chez Dominique Marcilhacy (Union des Familles en Europe) : « Contrairement à ce que prétend monsieur Estrosi, ça coûte plus cher d'avoir trois enfants à élever que d'en n'avoir qu'un seul. Alors on peut peut-être se passer les petites culottes d'une génération à l'autre, ça c'est entendu. Mais s'agissant du beefsteak, on a des difficultés à se le passer. Et puis s'agissant aussi de tous les frais à côté, en particulier les mères obligées de passer à temps partiel pour s'occuper d'une famille nombreuse, ça fait des recettes en moins. Donc je dirais simplement à monsieur Estrosi d'arrêter de dire absolument n'importe quoi ».