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Alimentation, alcool, sédentarité: comment éviter les excès pendant le confinement

Un verre de vin et des tartines de fromage pour l'apéritif. À consommer avec modération

Un verre de vin et des tartines de fromage pour l'apéritif. À consommer avec modération - Zahikel/CC/Flickr

Alors que les Françaises et Français sont confinés, comment ne pas passer ses journées à grignoter, ses soirées devant des apéros-skype interminables et ses nuits à regarder la télévision? Conseils de psychologues pour éviter les excès durant le confinement.

Pour certaines et certains, l'heure est aux apéros par vidéo et plateaux repas devant la télévision. Alors que les Françaises et Français sont appelés à rester chez eux depuis une semaine en raison du coronavirus et que ce confinement pourrait durer plus longtemps qu'initialement annoncé, la tentation de se laisser aller bien au chaud sur son canapé en attendant que l'épidémie passe, paquet de chips à la main, n'est pas loin.

  • Créer son emploi du temps

Que l'on occupe ses journées par du binge-watching de séries ou que l'on prenne l'apéritif de plus en plus tôt, pour le psychologue Jean-Luc Aubert, le confinement perturbe le rapport au temps. C'est pour cela qu'il recommande d'organiser un nouvel agenda. "Il faut écrire son propre emploi du temps, sur du papier ou sur un tableau, ce qui permet de structurer le temps", conseille-t-il à BFMTV.com.

Même recommandation pour Luce Janin-Devillars, psychologue clinicienne, psychanalyste et coach. "Cela peut être un planning journalier ou hebdomadaire, l'idée n'est pas de se fliquer de façon absolue mais d'aller dans la maîtrise du temps", explique-t-elle à BFMTV.com. Car selon ces deux psychologues, l'important est de reprendre le contrôle de la situation. 

"Il faut inverser ce processus de dépendance aux événements pour revenir dans la maîtrise plutôt que dans la soumission, analyse encore Jean-Luc Aubert. Pour ne plus dire 'je ne peux pas' mais 'c'est l'occasion de'." 
  • Se fixer des objectifs

Pour ce psychologue spécialiste des enfants, auteur de la chaîne Youtube Question de psy, la maîtrise du temps notamment passe par le fait de se fixer des objectifs simples. "Parvenir à faire dix pompes à la fin de la semaine, cuisiner un plat que l'on n'a jamais réalisé... libre à chacun de les adapter et de faire évoluer son emploi du temps selon sa situation personnelle ou sa vie de famille."

C'est également ce que suggère Luce Janin-Devillars. Pas question de s'interdire de regarder sa série préférée, le tout est de parvenir à cadrer les choses. "On peut, par exemple, se dire que de 16 heures à 18 heures, on regarde un film ou deux épisodes. Et ensuite, on passe à autre chose. Cela exige un peu de volonté." Car le risque, selon elle, au-delà de passer ses journées et ses nuits pendant plusieurs semaines devant les écrans, est de créer de la confusion et d'alimenter l'anxiété, notamment pour les plus fragiles. Cette psychologue pointe un autre travers et invite à s'accorder un moment pour souffler. 

"On est dans une société où il faut toujours faire quelque chose. Courir pour aller au travail, travailler... Or, il ne s'agit pas de remplir un vide et de passer d'une action à une autre. On peut aussi méditer, réfléchir à ses projets. Autant de choses pour lesquelles nous n'avons pas le temps habituellement."
  • Garder des rituels

Si le quotidien est bouleversé, pas question pour autant d'adopter un rythme de vie anarchique, met en garde Luce Janin-Devillars. Pour cette professionnelle, certains rituels doivent être sacralisés, comme les heures de repas ou du coucher.

"Il n'est pas question de passer la journée devant les écrans, d'aller au lit à 2 heures du matin et de se dire 'tiens, je n'ai pas mangé, j'ai faim' et de dîner au milieu de la nuit. C'est très important de maintenir une régularité alimentaire, cela désynchronise les rythmes biologiques."

C'est également le point de vue de Jean-Luc Aubert, qui voit dans le temps de repas l'occasion de se réunir en famille, pour ceux qui vivent à plusieurs sous le même toit. "On peut éteindre la télévision et profiter de ce moment pour instaurer une sorte de conseil de famille informel. Un moment tranquille qui permet à chacun de s'exprimer, de débriefer la situation et de libérer la parole."

  • Les relations sociales pas qu'à l'apéro

Pour ce psychologue, il faut conserver les petits plaisirs de la vie. "On peut prendre l'apéritif sans culpabiliser, ajoute Jean-Luc Aubert. C'est un moyen pour garder le moral mais il faut garder en tête que c'est un épisode exceptionnel." S'il donne son blanc-seing pour un verre, pas question pour autant de vider la bouteille. Mais pour Luce Janin-Devillars, le lien social ne doit pas être réservé qu'à l'heure de l'apéritif.

"C'est très important de garder le contact avec ses proches. C'est aussi l'occasion de réveiller son réseau, il y a une foule de gens qu'on a oubliés mais qu'on aime bien pour autant. On répond, on écrit, on échange ses émotions. Entretenir les relations sociales, c'est aussi un des moyens d'éviter la décompensation."

Jean-Luc Aubert voit aussi dans le confinement l'occasion d'associer les enfants au maintien des liens familiaux. "On peut par exemple se lancer dans un arbre généalogique. C'est l'occasion d'appeler les grands-mères, les oncles, les tantes, et de garder le contact."

  • Favoriser le fait maison

Si l'ennui est parfois synonyme de grignotage, pour Luce Janin-Devillars, un "thé à l'anglaise avec des petits gâteaux faits maison" est tout à fait envisageable à l'heure du goûter. Et pour le reste, privilégier le fait maison. Car s'il faut craquer, insiste-t-elle, autant opter pour des cookies, un cake ou des madeleines faits maison donc moins sucrés et moins gras que ceux produits industriellement.

"Autant mettre à profit tout ce temps pour instaurer de bonnes pratiques alimentaires, ajoute cette psychologue. Et remplacer ce que l'on achète tout prêt par des recettes maison. Cela redonne du sens."

Quant à l'apéritif, elle propose de concocter ses propres cocktails, notamment avec du jus de fruit et, si on le souhaite, un peu d'alcool. Quelque chose "d'exceptionnel, d'élaboré, comme un petit cadeau que l'on se fait".

  • Bouger un peu et respirer beaucoup

Alors que les conditions de sortie ont été durcies et que ceux qui souhaitent s'aérer ou faire un peu d'activité physique ne peuvent plus s'éloigner qu'une heure à 1 km maximum de leur domicile, seul et une fois par jour, certains y voient le prétexte tout trouvé pour repousser aux calendes grecques leurs bonnes résolutions de se remettre au sport. Une erreur, déplore Luce Janin-Devillars.

"Evidemment, si l'on n'a pas l'habitude de faire du sport ou des exercices de cardio, il n'est pas question de s'y mettre du jour au lendemain. Mais on peut tout à fait bouger, ne serait-ce que faire quelques mouvements debout ou allongé. On peut aussi trouver des tutos pour faire du yoga ou du pilates."

Et pour cette psychologue, ne pas hésiter à ouvrir en grand la fenêtre et à respirer profondément. "Tout ce qui a trait à la respiration, la méditation, sont des pratiques anti-stress qui permettent de lutter contre l'anxiété."

  • Désamorcer les conflits

À situation extraordinaire, mesures extraordinaires, poursuit Jean-Luc Aubert, pour qui le plus important en période de confinement est de désamorcer les conflits. "S'il y a des choses qui coincent, notamment avec les enfants, ce n'est pas la peine de se battre. On peut accepter ce qu'on n'accepterait pas en temps normal."

Se ménager, implore Luce Janin-Devillars, pour qui cette période est si singulière que "beaucoup de comportements peuvent exploser". Car selon cette psychologue, "nous sommes en train de vivre un épisode traumatique, plus ou moins douloureux".

Céline Hussonnois-Alaya