3 enfants sur 4 respirent un air pollué en France: l'Unicef tire la sonnette d'alarme

Photo d'illustration. - Anne-Christine Poujoulat - AFP
"Pour chaque enfant, un air pur". Dans un rapport publié jeudi, l'Unicef - en partenariat avec WWF, le Réseau Action climat et l'association Respire -fustige les effets de la pollution de l'air en ville sur les enfants en France, et appelle le gouvernement à réagir. "Plus de trois enfants sur quatre respirent un air toxique en France", commence le rapport, qui s'appuie sur des données de l'Organisation Mondiale de la Santé.
Devant ces chiffres, l'Unicef lance la campagne "Pour chaque enfant, un air pur", et en appelle aux élus locaux et nationaux, notamment la ministre de la Santé Agnès Buzyn:
"Il est encore temps de protéger la santé des enfants qui grandissent en ville".
En France, à cause de la pollution de l'air, "il y a les maladies respiratoires mais on fait aussi le lien avec le diabète, les syndromes dépressifs...", souligne Jodie Soret, chargée des relations de l'Unicef avec les pouvoirs publics et coordinatrice de cette campagne. "Nous appelons au respect des droits des enfants, notamment à vivre dans un environnement sain."
La pollution de l'air dans les écoles
L'Unicef pointe du doigt la trop grande exposition des enfants à la pollution de l'air, notamment dans leurs établissements scolaires. En 2017, 23% des crèches, écoles, collèges et lycées parisiens dépassaient ainsi les seuils de NO2 (dioxyde d'azote) fixés par la réglementation européenne. Le NO2 est "un gaz toxique entraînant une inflammation importante des voies respiratoires", explique l'association Respire.
"À Paris, les enfants ont de plus en plus d’asthme, de plus en plus sévère. Dans les années 1990, on réglait 90% de l’asthme du nourrisson par un peu de corticoïde. Aujourd'hui, il faut trois à quatre traitements pour le contrôler, ou pas", peut-on également lire dans le rapport de l'Unicef.
Ces derniers jours, l'ONG Greenpeace avait elle aussi alerté à ce sujet, assurant qu'un tiers des écoles de Strasbourg se trouvaient dans des zones avec une pollution de l'air au-dessus de la limite légale, à Marseille, c'était le cas d'une école sur deux.
Une "pollution particulièrement préoccupante pour les enfants"
Si le rapport se focalise particulièrement sur l'exposition des enfants à la pollution, c'est parce qu'ils y sont plus vulnérables. Les enfants ont notamment "une fréquence respiratoire environ une fois et demie plus élevée que celle des adultes", précise l'Unicef, ce qui signifie qu'ils ingèrent plus d'air, donc de polluants.
"Cette pollution est particulièrement préoccupante pour les enfants parce qu'ils sont plus proches des pots d'échappement, parce qu'ils inhalent beaucoup plus de pollution du fait de leur activité et parce qu'ils ont des organes qui sont en plein développement", expliquait Florent Beissiere, membre de Greenpeace, sur RMC.
Les "zones à faible émission"
Face à ce constat, l'Unicef prône la généralisation de "zones à faible émission" plus ambitieuses. Il s'agit d'interdire d'accès à une ville des véhicules trop polluants ou ne répondant pas à certaines normes. Selon l'organisme, cela permettrait de descendre de 27% à 1,5% le nombre d'ERP (établissements recevant du public sensible: écoles, hôpitaux, crèches...) soumis au dépassement du seuil de pollution.
L'Unicef s'appuie sur l'exemple japonais pour encourager le projet: "L’interdiction des véhicules diesel mise en place à Tokyo en 2003 a permis de diminuer la concentration en particules fines de 44% entre 2003 et 2012. (...) A Osaka (ville témoin), la mortalité cardiovasculaire à Tokyo a diminué de 11%, essentiellement via une diminution de la mortalité par maladies coronariennes", dont la pollution est un facteur aggravant.