2015: record d'actes antimusulmans et haine antisémite toujours intense

Des tags islamophobes sur une mosquée à Evreux. - BFMTV
Record d'actes antimusulmans, haine antisémite intense, dégradations de lieux de culte chrétiens en hausse sensible: dans le sillage des attentats de janvier, l'année 2015 a connu une crispation de la question religieuse et communautaire en France.
Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a résumé les grandes tendances dans une interview à La Croix mercredi: pour la totalité de l'année 2015, il y a "une diminution de 5% des actes antisémites", qui restent cependant "à un niveau élevé, avec 806 actes constatés", tandis que les actes antimusulmans ont plus que triplé et s'établissent à "environ 400".
Plus d'actes islamophobes après l'attentat à Charlie
Selon le président de l'Observatoire national contre l'islamophobie, Abdallah Zekri, le bilan atteint exactement 429 actions ou menaces contre les musulmans en 2015, soit un "sommet" jamais atteint depuis la création en 2011 de cette instance du Conseil français du culte musulman.
"L'islamophobie doit être combattue et dénoncée non seulement par les musulmans, mais aussi par la communauté nationale dans son ensemble car il n'est plus possible d'entendre et d'accepter que des hommes politiques" puissent "dire que l'Islam est incompatible avec les valeurs de la République'", a réagi Abdallah Zekri.
Plus de la moitié des actes antimusulmans ont été enregistrés au seul premier trimestre, dans le sillage des attentats jihadistes contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher, ceux du 13 novembre ayant eu nettement moins de répercussions. Depuis 2005, les violences et menaces antisémites n'ont dépassé qu'à deux reprises le seuil des 800 actes, en 2009 et 2014, à chaque fois en écho à un raidissement du conflit israélo-palestinien.
810 actes anti-chrétiens
Les lieux de culte et cimetières chrétiens, qui sont en France les plus nombreux et se comptent par dizaines de milliers, "ne sont pas épargnés avec 810 atteintes, en hausse de 20%", a aussi précisé Bernard Cazeneuve. "En tant que ministre des cultes, je ne peux accepter de tels actes. Ils doivent être sévèrement punis", a-t-il ajouté.