BFMTV
Sciences

Nicolas Sarkozy brouille son image en parlant de "pause"

En annonçant une "pause" des réformes à partir de fin 2011, Nicolas Sarkozy a voulu montrer qu'il n'était pas sourd aux inquiétudes des Français, avec en tête l'objectif de la prochaine présidentielle. Mais il a pris le risque de brouiller son image en ut

En annonçant une "pause" des réformes à partir de fin 2011, Nicolas Sarkozy a voulu montrer qu'il n'était pas sourd aux inquiétudes des Français, avec en tête l'objectif de la prochaine présidentielle. Mais il a pris le risque de brouiller son image en ut - -

par Yann Le Guernigou PARIS - En annonçant une "pause" des réformes à partir de fin 2011, Nicolas Sarkozy a voulu montrer qu'il n'était pas sourd...

par Yann Le Guernigou

PARIS (Reuters) - En annonçant une "pause" des réformes à partir de fin 2011, Nicolas Sarkozy a voulu montrer qu'il n'était pas sourd aux inquiétudes des Français, avec en tête l'objectif de la prochaine présidentielle.

Mais il a pris le risque de brouiller son image en utilisant un terme inédit chez lui, estiment les analystes politiques.

"Le mot pause marque une rupture. Nicolas Sarkozy c'est le mouvement, pas la pause", déclare Gaël Sliman, directeur des études politiques de l'institut BVA.

Dans une interview au Figaro Magazine paru vendredi à deux jours des élections régionales, le chef de l'Etat évoque son intention de mener à bien la réforme des retraites, de régler le dossier de la dépendance des personnes âgées puis de compléter les réformes mises en oeuvre depuis le début de son quinquennat.

"Ensuite, au second semestre 2011, le gouvernement marquera une pause", dit-il, ajoutant que le Parlement aurait alors l'occasion de remettre de l'ordre, pour les simplifier, dans les nombreux textes adoptés depuis 2007.

Pour le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, un proche du chef de l'Etat, pause ne signifie pas inaction.

"La pause, c'est avoir de l'action comme jamais par le passé pour donner toute l'efficacité aux réformes que nous avons engagées. On ne ralentit pas dans les textes législatifs. Au contraire, on les simplifie pour plus d'efficacité", a-t-il dit sur Europe 1.

Mais l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a dit comprendre "qu'il y aura une césure politique".

François Miquet-Marty, de l'Institut Viavoice, juge que Nicolas Sarkozy "dit d'une certaine façon qu'il est pas totalement sourd aux inquiétudes et insatisfactions des Français, que le rythme et le contenu des réformes ne va pas se poursuivre indéfiniment".

"Tout ça, c'est nouveau de sa part. Cela ne changera pas grand-chose dans le rapport de force des régionales mais cela crée l'hypothèse d'un Sarkozy nouveau pour 2012", ajoute-t-il.

IMAGE "CHIRAQUISÉE"

Gaël Sliman y voit cependant des risques pour le chef de l'Etat.

"On sait que, de toute façon, chaque président de la République fait une pause six mois, un an avant la fin de son mandat. Dans le cas de Nicolas Sarkozy, on ne voit pas l'intérêt qu'il a à le dire, il court le risque d'une image 'chiraquisée'", dit-il en évoquant l'image d'immobilisme associée à l'ancien président par ses critiques.

Le responsable de BVA décèle aussi un message contradictoire dans ces déclarations dans la mesure où Nicolas Sarkozy annonce cette pause tout en confirmant sa volonté d'aller jusqu'au bout de la réforme des retraites qui, montrent les sondages d'opinion, est une grande source d'inquiétude chez les Français.

Il fait valoir en outre que, entre deux tiers et trois quarts des Français, selon les différentes études, souhaitent que le gouvernement tienne compte du résultat des régionales, qui s'annoncent mauvaises pour la majorité.

Nicolas Sarkozy a déclaré au Figaro Magazine qu'il serait "bien sûr attentif" à ce que les Français diront dans les urnes et n'a pas exclu "quelques adaptations gouvernementales", même s'il faudra attendre après la réforme des retraites pour voir "s'il conviendra d'envisager une nouvelle étape politique".

Une lourde défaite au scrutin des 14 et 21 mars qui tournerait au vote sanction pourrait bousculer ce scénario en rendant nécessaire des changements plus rapides, estime Gaël Sliman.

"Plus forte serait la claque, plus le remaniement devra être spectaculaire, au risque pour le président de se dédire", ajoute-t-il.

En attendant, Nicolas Sarkozy a semblé désamorcer un autre dossier délicat, qui est aussi un sujet de mécontentement dans les rangs de sa majorité, celui de la taxe carbone.

Il n'a pas confirmé au Figaro Magazine le calendrier pour sa mise en oeuvre, qu'il avait annoncée pour le 1er juillet.

Si la taxe carbone reste à ses yeux "une bonne idée", il indique qu'il prendra "le temps de la concertation" au niveau européen, pour obtenir la mise en place d'un dispositif similaire aux frontières de l'UE, comme au niveau national.

Edité par Yves Clarisse