Les incendies en Amazonie sont-ils "sous contrôle", comme le prétend le Brésil ?

"Macron n'arrive même pas à éviter un incendie prévisible dans une église qui fait partie du patrimoine mondial de l'humanité, et il veut nous donner des leçons pour notre pays?" C’est par cette rhétorique que le Brésil a refusé l'aide d'urgence proposée par les pays du G7 pour venir à bout des feux qui ravagent l’Amazonie depuis plusieurs semaines. Bien loin des préoccupations internationales, le ministre brésilien de la Défense a assuré lundi que les feux étaient "sous contrôle" et que la pluie devrait soulager les régions concernées.
La situation "a été un peu exagérée", a ajouté Fernando Azevedo e Silva affirmant que le Brésil avait connu certaines années des "pics d'incendies beaucoup plus graves".
Les incendies les plus intenses depuis 2012
Qu'en est-il réellement ? Près de 80.000 feux de forêt ont été répertoriés au Brésil depuis le début de l'année, dont un peu plus de la moitié en Amazonie. Certes, c'est moins que les records atteints par le passé : en 2007, l'Institut national brésilien de recherche spatiale avait ainsi recensé un total de 393.915 incendies à travers l'ensemble du pays.
On est encore loin de ces chiffres, mais la Nasa a récemment confirmé, grâce au repérage de ses satellites, que la région n’avait pas connu d’incendies aussi nombreux et intenses depuis 2012. Ces derniers jours, l’agence a publié des images édifiantes des foyers détectés entre le 15 et le 22 août, représentés par les points oranges.
Surtout, la situation ne s'arrange pas: dimanche, l’institut national de recherche spatiale (INPE) a encore recensé 1113 nouveaux départs de feu au Brésil.
Dans l'Etat de Rondônia, frontalier de la Bolivie, la ville de Porto Velho est toujours recouverte par de larges nuées de fumées, comme une chape de plomb sous laquelle vit la population depuis plus d’une semaine. Dans cette ville d'un demi-million d'habitants, la fumée âcre cause de nombreuses pathologies allant de la toux sèche aux irritations oculaires, en passant par des troubles respiratoires ou des fièvres pouvant dégénérer en pneumonie.
Une aide militaire déclenchée
Critiquée pour son inaction, la présidence du Brésil a fini par entrer en action dimanche après les sollicitations des sept Etats de l’Amazonie concernés par les flammes. Jair Bolsonaro a ainsi déclenché une aide militaire qui s’est déployée depuis Porto Velho. Dans la capitale du Rondônia, 700 soldats sont mobilisés et équipés de deux avions C-130 Hercules capables d’embarquer 12.000 litres d’eau, constate notre envoyée spéciale Amélie Rosique.
La 17e brigade d’infanterie de la forêt, sous tutelle du ministère brésilien de la Défense, ainsi que les corps de pompiers gouvernementaux appuyés par 150 véhicules au sol, des aéronefs et des hélicoptères sont également sur place. Le Brésil a par ailleurs accepté l'aide d'Israël qui a proposé d'envoyer un avion.
Des personnels et des avions citerne du Chili et de l'Equateur devaient prochainement entrer en action, selon le ministre de la Défense. Sous une intense pression internationale, Jair Bolsonaro, a parallèlement ordonné une enquête sur des producteurs ruraux de l'Etat de Para accusés d'avoir organisé une "journée du feu" le 10 août. Ces derniers manifestaient leur soutien aux efforts du président d'extrême droite pour affaiblir la surveillance de la protection environnementale.