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Visées par des interdictions, les cigarettes électroniques sont-elles un danger pour la santé? 

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Outre-Atlantique, cette mesure, qui touche actuellement deux Etats, devrait être généralisée au niveau fédéral. L'Inde a de son côté annoncé l'interdiction du vapotage ce mercredi.

Soumises à la controverse depuis maintenant plusieurs années, les cigarettes électroniques aromatisées viennent d'être interdites à la commercialisation dans l’Etat de New York. Outre-Atlantique, il s’agit du second Etat, après celui du Michigan, à prendre cette décision. 

Cette mesure a été prise lors d'un vote du conseil de santé publique et de planification sanitaire de l'Etat de New York, convoqué à la demande du gouverneur Andrew Cuomo. Elle prend effet immédiatement et les premiers contrôles devraient avoir lieu d'ici depuis deux semaines. 

"En interdisant les cigarettes électroniques aromatisées, nous prenons une mesure de santé publique et contribuons à empêcher un nombre incalculable de jeunes gens de contracter une accoutumance à vie, coûteuse, mauvaise pour la santé et potentiellement mortelle", explique le gouverneur. 

L'interdiction intervient quelques jours seulement après que Donald Trump a annoncé, le 11 septembre, qu'une mesure similaire serait prise dans les prochains mois au niveau fédéral. De son côté, l'Inde a annoncé ce mercredi l'interdiction des cigarettes électroniques dans le pays de 1,3 milliard d'habitants, se joignant à cette tendance de durcissement réglementaire mondial contre le vapotage.

Outil de sevrage?

Interrogé par BFMTV.com, Bertrand Dautzenberg, président de l'Office français de prévention du tabagisme (OFT) et professeur de médecine, doute de l'efficacité d'une telle mesure. Il évoque même une "connerie" car les cigarettes électroniques seraient, de son point de vue, un bon moyen pour les fumeurs d'arrêter le tabac.

Outre-Atlantique, c'est l'argument de l'addiction chez les plus jeunes qui a été avancé afin de justifier l'interdiction new-yorkaise. Pour Bertrand Dautzenberg, cette hypothèse reste à démontrer. "Nous n'en avons pas l'ombre d'une preuve", estime-t-il. A l'inverse, d'anciens fumeurs usent de paliers pour stopper leur consommation et passent par la cigarette électronique. "C'est moins addictif que la cigarette traditionnelle", explique-t-il encore. 

"Il n'y a pas de doutes scientifiques sur le fait que les émissions d'une cigarette électronique soient bien moins nocives que celles du tabac, mais sans dire qu'elles sont sans risques", explique-t-il encore. 

En ce qui concerne les plus jeunes, il faut se poser la question de ce qui les attire. "Evidemment, ne pas fumer est mieux, mais ceux qui fument des cigarettes électroniques ont trois fois moins de chance de devenir des fumeurs de tabac", conclut-il. 

Effets à long terme inconnus

Afin de mieux comprendre ces doutes, il convient d'analyser le contenu et les effets d'une cigarette électronique. Selon le site Cancer environnement, il n'existe actuellement que très peu d'études scientifiques fiables pour ce qui est d'estimer les risques à court terme. En revanche, à l'inverse d'une cigarette "traditionnelle" qui contient 4000 substances dont 80 cancérigènes, ce risque est ici bien moindre. 

Toujours selon ce même site spécialisé, le principal composant des e-liquides présents dans ces appareils ne semble pas avoir de toxicité à court terme, à condition que sa température ne dépasse pas les 60 degrés. 

A l'heure actuelle, ce sont bien les effets a long terme de l'utilisation de la cigarette électronique qui restent à démontrer. Dans le doute, et en particulier chez les non-fumeurs, son utilisation reste malgré tout déconseillée. 

L'OMS dénonce

De manière inattendue, plus tôt en 2019, c'est l'OMS, Organisation mondiale de la Santé, qui s'est penchée sur cet épineux sujet. Dans un rapport sur le tabagisme de 200 pages, deux sont dédiées à ce dispositif, qualifié "d'incontestablement nocif", qui ne devrait pas être utilisé comme moyen de sevrage du tabac, soulignait Le Figaro qui en reprenait les grandes lignes.

Là, cette prise de position avait vivement fait réagir le corps médical dont, encore une fois Bertrand Dautzenberg, qui auprès du quotidien s'était inquiété de l'aggravation de "la méfiance des fumeurs envers l’e-cigarette."

Hugo Septier