BFMTV
Santé

Vaccins: des bénéfices sanitaires, mais aussi économiques

-

- - iStock - scyther5

Un récent rapport de l'Organisation mondiale de la santé montre que 20 ans de vaccination, à partir de l'année 2001, ont permis d'éviter 20 millions de décès dans les pays pauvres. La projection révèle aussi que des économies importantes accompagnent ces bénéfices sociaux.

Diphtérie, tétanos, coqueluche: chaque année, la vaccination permet d'éviter 2 à 3 millions de morts, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Celle-ci estime qu'aucune autre mesure de prévention ne présente un meilleur rapport coût-efficacité dans le domaine de la santé. Car outre les bénéfices sanitaires, sa récente étude confirme que cette intervention de santé publique est aussi l'une des plus fructueuses et des plus rentables sur le plan économique.

Les experts ont voulu estimer l'impact économique qui pourrait découler des efforts de vaccination contre 10 maladies, déployés entre 2001 et 2020 dans 73 pays à revenu faible et intermédiaire. Sont notamment concernées des vaccinations avec un taux de couverture atteint contre Haemophilus influenzae type B, l'hépatite B, le papillomavirus humain, l'encéphalite japonaise, la rougeole, le rotavirus, la rubéole et la fièvre jaune.

Pour établir une comparaison avec l'absence de vaccination, ils ont modélisé les coûts des traitements évités, les coûts de transport, les pertes de productivité des soignants non professionnels et les pertes de productivité pour cause d'invalidité ou de décès. Dans leur modélisation, les chercheurs ont également évalué la valeur d'une année de vie pour estimer la valeur économique et sociale d'une vie en meilleure santé grâce à la vaccination.

Leurs estimations montrent que les vaccinations pratiquées entre 2001 et 2020 permettront d'éviter plus de 20 millions de morts et d'économiser 350 milliards de dollars en coûts sanitaires. "Les cas de décès et d'invalidité évités grâce à la vaccination au cours de ces deux décennies entraîneront des gains de productivité permanents respectivement estimés à 330 milliards de dollars et 9 milliards de dollars", explique l'OMS.

Une productivité économique en hausse

Par ailleurs, les auteurs du rapport estiment qu'au cours de la vie des cohortes vaccinées, ces mêmes vaccinations permettront d'économiser 5 milliards de dollars en coûts de traitement. Au total, leur valeur économique et sociale est estimée à 820 milliards de dollars. Les chercheurs concluent de fait que "l'impact de la vaccination dépasse le domaine de la santé, car il permet d'éviter d'importants coûts et une augmentation potentielle de la productivité économique de certains des pays les plus pauvres du monde."

En France, il est préconisé, comme le souhaite l'OMS, d’atteindre un taux de couverture vaccinale d’au moins 95% pour les maladies à prévention vaccinale, sauf la grippe (75%). Mais dans les faits, les chiffres sont loin de correspondre, puisque des inégalités persistent selon les tranches d'âge, les territoires, et les vaccins. Ainsi, la couverture vaccinale la plus proche de l'objectif est celle contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (91%) selon l'inserm.

Mais il s'agit des trois vaccins obligatoires dans l'enfance, tandis que la couverture vaccinale Rougeole-Oreillons-Rubéole (ROR) n’est que de 72% chez les enfants de 24 mois. Il en va de même pour la couverture vaccinale contre l’hépatite B: 40% chez l’adolescent, 60% chez l’adulte. "On estime que plus de 2000 cas d’hépatite B sont survenus entre 2006 et 2013 chez des sujets non vaccinés", précise le ministère de la Santé.

C'est pourquoi la ministre Agnès Buzyn a annoncé qu'à partir de janvier, les enfants de moins de deux ans devront être vaccinés contre 11 maladies. Dans la pratique, les vaccins contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite restent obligatoires et les 8 vaccins supplémentaires jusqu’alors recommandés (haemophilius influenzae B, coqueluche, hépatite B, rougeole, oreillons, rubéole, méningocoque C, pneumocoque) seront désormais obligatoires.

Alexandra Bresson