Un ado sur deux manque de sommeil, les habitudes des parents pointées du doigt

L'équivalent d'une nuit de sommeil perdue par semaine. Selon les conclusions d'une étude menée par une équipe de chercheuses des universités de Paris-Nanterre et de Strasbourg pour la Fondation Vinci autoroutes et la Fédération nationale des écoles, des parents et des éducateurs, un adolescent sur deux dort moins de 7h par nuit et présente une dette chronique de sommeil.
115 membres de familles constituées d’un adolescent âgé de 14 ans en moyenne, d’un ou deux parents et d’un ou plusieurs frères et sœurs ont participé à ces travaux. Ils se sont déroulés sous forme d'entretiens individuels et collectifs, mais aussi de questionnaires sur le sommeil et la qualité de vie. Un suivi par actimétrie, une analyse des mouvements du corps pendant le sommeil, a également été fait.
L'attitude des parents pointée
Le total de 7h de sommeil par nuit est extrêmement insuffisant. Selon le Réseau Morphée, une association spécialisée dans la prise en charge des troubles du sommeil, "l'adolescent a encore des besoins de sommeils importants. Pour être en forme, 9 heures de sommeil en moyenne lui sont nécessaires."
Auprès de BFMTV, plusieurs collégiennes confirment cette tendance à la baisse, et décrivent les conséquences du manque de sommeil sur leur quotidien. "Je regarde Netflix et je m’endors vers 23h45", décrit Keyla, en classe de 5e. "On est fatigué le lendemain", "parfois, j'écoute les profs et je pars dans mes idées, je n’arrive plus à suivre", abondent deux de ses camarades.
Si l'Académie nationale de médecine a récemment qualifié de "problème de santé publique" les conséquences de l'exposition à la lumière des écrans pour les enfants et les adolescents, ces nouveaux travaux insistent particulièrement sur l'influence qu'ont les habitudes des parents sur le cycle de sommeil de leurs enfants.
"Si les parents sont attentifs au sommeil, à leur propre sommeil, sont attentifs à celui de leurs enfants, les adolescents sont imprégnés de cet exemple et vont eux-mêmes être plus attentifs à leur sommeil", confirme à BFMTV Bernadette Moreau, déléguée générale de la Fondation Vinci Autoroutes, en charge de l’étude.
Trouver son rythme
Cette étude décrit également les conséquences du manque de sommeil chez les adolescents et pointe des effets délétères sur leur qualité de vie, en particulier sur l’humeur, les résultats scolaires et les performances sportives.
Afin de s'en prémunir, Eve Reynaud, chercheuse post-doctorante en charge de l’étude, liste quelques conseils à BFMTV.
"Il faut essayer de se coucher à la même heure tous les soirs en favorisant des temps calmes sans écrans avant le coucher: lecture, musique ou activité créative. Il faut éviter le sport trop tard le soir, car il y a une montée d’adrénaline", dit-elle.
La compromission des performances scolaires peut être expliquée par des travaux de 2017 de chercheurs de l’Inserm publiés dans la revue Scientific Reports, qui ont constaté que le manque de sommeil entraînait une diminution du volume de matière grise du cerveau des adolescents. Celle-ci a été repérée dans le cortex frontal, le cortex cingulaire antérieur et le précuneus, trois régions du cerveau justement impliquées dans l'attention et la concentration.
L'Académie nationale de médecine pointe également une hausse des troubles de l’humeur (stress, anxio-dépression) et du comportement avec violence et hyperactivité ainsi que des troubles métaboliques.