L'Académie de médecine recommande de faire porter des lunettes anti-lumière bleue aux enfants exposés aux écrans

Un enfant devant l'écran d'un smartphone - Illustration - Sous licence Creative Commons CC0
C'est pour elle un "problème de santé publique". L'Académie nationale de médecine publie ce jeudi un communiqué sur les conséquences de l'exposition à la lumière des écrans pour les enfants et les adolescents.
Si les médecins reconnaissent que les outils numériques sont "un remarquable outil de formation et d’éveil", ils pointent du doigt les dangers de "l'usage abusif" des écrans car il induit "une phototoxicité rétinienne et une dérégulation du rythme veille-sommeil".
Les dangers de la lumière bleue
Tout d'abord, l'Académie de médecine estime que l'exposition aux écrans avant l'âge de trois ans n'est pas recommandée. En outre, passé cet âge, il faut que ces pratiques soient "encadrées par les parents ou les éducateurs et que l’accent soit mis sur son interactivité et son caractère ludique".
L’un des effets défavorables pour la santé tient à la nature de la lumière générée par les écrans. "Les LEDs disponibles actuellement émettent un pic d’émission de lumière bleue, proche du rayonnement ultra-violet, dont les effets délétères sur la rétine sont connus", écrit l'Académie de médecine.
La lumière des écrans peut endommager les photorécepteurs rétiniens "assurant la vision fine, la lecture, l’écriture et la vision colorée". L'Académie de médecine recommande l'utilisation de lunettes protectrices contre la lumière bleue.
"Jet lag social"
Les académiciens mettent tout particulièrement en garde contre l'utilisation des écrans la nuit. Ils expliquent ainsi que les photo-pigments rétiniens sont consommés le jour pour permettre la vision et sont ensuite régénérés la nuit "dans une l’obscurité qui doit être totale". Par conséquent, une exposition aux écrans la nuit inhibe ce mécanisme.
Au-delà des conséquences néfastes sur les yeux, l'Académie de médecine s'inquiète du risque de "désynchronisation de l’horloge interne" à cause de l'usage d'écrans la nuit.
"Chez ces adolescents, en résulte un sommeil tardif, lié à une augmentation de la vigilance générée par un retard de phase de l’horloge et à une inhibition de la sécrétion de mélatonine, impliquée dans l’endormissement", détaillent les médecins.
Conséquence: les enfants et adolescents développent des troubles du rythme veille-sommeil, aussi appelé "jet lag social".
Protéger le rythme et les yeux des enfants
Selon l'Académie de médecine, 14% des collégiens et 29% des lycéens dorment moins de 7 heures les jours de classe et une dette de sommeil est présente chez 26% des collégiens et 43% des lycéens.
Cela implique une fatigue le matin au lever et une altération des capacités d’apprentissage liée à une diminution de la vigilance et de l’attention pouvant conduire à une baisse des résultats scolaires.
Les médecins soulignent également une hausse des troubles de l’humeur (stress, anxio-dépression) et du comportement avec violence et hyperactivité, ainsi que des perturbations métaboliques (17% des garçons et 11% des filles sont en surpoids ou obèses à 11 ans).
Pour protéger le rythme et la santé des enfants, l'Académie de médecine recommande dans son communiqué de "restreindre, voire proscrire, l’usage des écrans durant la nuit" et de "veiller à la régularité des horaires de coucher et de lever".
Au-delà du port de lunettes anti-lumière bleue et de l'encadrement de l'usage des écrans, notamment le soir et la nuit, l'Académie de médecine préconise d’introduire dans le cursus scolaire une sensibilisation aux risques liés aux écrans et à l’importance du sommeil, ainsi que de sensibiliser les parents à ces dangers. "La baisse des performances scolaires et le repli sur soi de leurs enfants étant deux signaux d’alerte essentiels auxquels ils doivent être attentifs", concluent les académiciens.