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Santé

Surcharge de travail, effectifs réduits... Un infirmier sur trois envisage de changer de métier

Des infirmiers à l'hôpital de Lille, le 2 avril 2013. (Photo d'illustration)

Des infirmiers à l'hôpital de Lille, le 2 avril 2013. (Photo d'illustration) - Philippe Huguen - AFP

Selon une étude conduite par l'Ordre national des infirmiers, dévoilée ce dimanche dans Le Parisien, 57% des soignants interrogés estiment être en épuisement professionnel. Un pourcentage en forte hausse depuis la crise du coronavirus.

Un sentiment de ras-le-bol qui survient à un moment critique. Alors que les dernières données épidémiologiques sur la progression du coronavirus se veulent de plus en plus alarmantes et que le nombre de patients atteints augmente chaque jours, les hôpitaux doivent faire face à une autre préoccupation: la fatigue du personnel soignant et notamment celle des infirmiers.

Selon une étude conduite par l'Ordre national des infirmiers et relayée ce dimanche par Le Parisien, 37% des infirmiers estiment que la crise sanitaire "leur a donné l'envie de changer métier" et 43% confient ne pas savoir "s'ils seront toujours infirmiers dans 5 ans".

La raison principale: des conditions de travail de plus en plus difficiles qui ont un impact direct sur le moral des soignants.

Dégradation des conditions de travail

59% des infirmiers déclarent avoir vu leur charge de travail augmenter depuis le début de la crise et une majorité d'entre eux affirment que cette suractivité détériore leurs conditions de travail depuis le début de la crise. Conséquence: 57% des infirmiers estiment être en burn out, un chiffre en hausse de 24 points par rapport à l'avant crise sanitaire.

"La période de confinement a été l'occasion de mobiliser toutes les équipes soignantes et de leur demander beaucoup plus que leur travail habituel", note Jean Taffazoli, médecin lyonnais, sur notre antenne. "On ne peut pas aujourd'hui en 2020, avec les salaires qui sont proposés à l'hôpital demander à des gens de travailler le volume d'heures qu'ils travaillent", estime le président de maquestionmedicale.fr.

Appel à une nouvelle mobilisation

Un corps professionnel saturé alors qu'un tiers des infirmiers indique être en effectifs réduits par rapport à la normale.

"Une caractéristique du système de santé français", observe Alexandre Mebazaa, anesthésiste réanimateur, "on manque de professionnels de santé et il y a de la tension pour ceux qui sont là, ils sont utilisés plus que ce qu'ils devraient être".

Une journée de mobilisation va notamment se tenir le jeudi 15 octobre à l'appel de plusieurs syndicats et collectifs pour réclamer de nouvelles embauches massives mais également une revalorisation des salaires de l'ensemble du personnel soignant.

"Au-delà des rémunérations il y a le problème de l'outil de travail", estime Christophe Rapp sur notre plateau. Pour l'infectiologue à l'hôpital américain de Paris, "il faut améliorer le fonctionnement des parcours de soins et mieux aider ces professionnels de santé qui sont indispensables".
Hugues Garnier Journaliste BFMTV