Sida: un gel vaginal microbicide à appliquer après les rapports

Le ruban rouge, symbole de la lutte contre le virus du sida. - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE
La solution pourrait s'avérer assez révolutionnaire. Un gel microbicide vaginal appliqué avant ou après un rapport sexuel peut bloquer l'infection par le virus du sida, selon une recherche américaine parue mercredi.
De tels gels ont déjà montré leur efficacité chez les humains pour prévenir l'infection par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) s'ils sont appliqués avant un rapport sexuel. Ils contiennent une substance empêchant le virus de pénétrer dans l'ADN des cellules immunitaires.
Mais "nous avons pensé qu'un gel pouvant être appliqué par les femmes après un rapport affecterait moins leurs habitudes avec leur partenaire, leur donnerait un meilleur contrôle de son utilisation et éliminerait la nécessité d'anticiper une relation sexuelle", expliquent les auteurs de cette étude parue dans la revue Science Translational Medicine.
De trente minutes avant à trois heures après un rapport sexuel
Ce gel, mis au point par Charles Dobard, des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC), agit en bloquant l'intégration du génome du virus dans l'ADN des cellules immunitaires, ce qui empêche l'infection.
Il faut environ six heures au virus pour pénétrer dans l'ADN cellulaire, ce qui donne un délai raisonnable pour appliquer un gel microbicide après un rapport sexuel.
Chez les macaques utilisés pour cette recherche, les scientifiques ont constaté qu'une application du gel 30 minutes avant un rapport sexuel empêchait l'infection par le VIH. Mais il reste tout aussi efficace quand il est appliqué jusqu'à trois heures après le rapport.
Un taux de protection de 84%
Les quatre macaques ayant reçu un placebo ont été infectés au cours des dix semaines lors desquelles leurs vagin ou anus ont été en contact avec un virus de l'immunodéficience simienne (VIS).
Mais cinq des six singes traités avec le gel jusqu'à trois heures après avoir été exposés au VIS n'ont pas été infectés et sont restés séronégatifs pendant une période de suivi de dix semaines, soit un taux de protection de 84%.
Les auteurs envisagent désormais des études cliniques d'ici cinq à dix ans avec un gel contenant seulement un inhibiteur d'intégrase, qui empêche le virus de s'intégrer dans l'ADN des cellules immunitaires et de se multiplier, ou combiné avec un antirétroviral comme le ténofivir.