BFMTV
Santé

"Rien à voir avec cela": Didier Raoult dément "totalement" les accusations d'essais illégaux sur la tuberculose à l'IHU

placeholder video
L'infectiologue assure que l'IHU a bien fait une demande pour des essais cliniques contre cette maladie, qui a été refusée. Selon lui il n'y a pas eu de suites.

"Non il n'y a pas eu d'essais du tout, ce n'est pas vrai". L'infectiologue Didier Raoult, futur-ex directeur de l'IHU de Marseille, a réagi sur BFMTV aux accusations portées contre lui par Mediapart. Le journal a recueilli plusieurs témoignages de personnes disant avoir travaillé à l'IHU, et assurant que depuis 2017 au moins, des essais non déclarés pour un traitement contre la tuberculose étaient menés dans l'établissement.

Le professeur Raoult a de nouveau nié en bloc ces accusations sur notre antenne, les démentant même "totalement".

"Non il n'y a pas eu d'essais du tout, ce n'est pas vrai, c'est juste pas vrai", a-t-il assuré.

"L'ANSM a refusé, donc on n'a pas fait cet essai"

Pour rappel, selon les témoignages et documents recueillis par Mediapart, "depuis 2017", l'IHU de Marseille "mène une expérimentation sauvage contre la tuberculose", avec une combinaison d'antibiotiques, "provoquant chez plusieurs patients, dont un mineur, de graves complications", explique le site, qui cite plusieurs employés de l'Institut sous couvert d'anonymat. Cette expérimentation a été "initiée par son directeur, Didier Raoult, et son adjoint, Michel Drancourt", précise Mediapart.

L'infectiologue marseillais explique au cours de l'interview que deux demandes d'essais ont bien été déposées par l'IHU pour "faire un raccourcissement thérapeutique" du traitement de la tuberculose. Parmi eux, l'un incluant la clofazimine, une molécule - citée par Mediapart - utilisée dans le traitement contre la lèpre. Mais "l'ANSM [agence des médicaments, ndlr] a refusé pour des raisons qui nous échappent, donc on n'a pas fait cet essai", assure l'infectiologue.

L'Assistance Publique - Hôpitaux de Marseille avait mené de son côté une enquête interne rapide face à la "gravité potentielle des faits relatés". Elle a indiqué mercredi dernier qu'un "protocole de recherche sur cette combinaison d'antibiotiques avait bien été déposé" en août 2019, mais qu'il avait en effet été retiré un mois plus tard "compte tenu des réserves émises par l'ANSM". Mais à partir de ce moment-là les version divergent, car selon l'AP-HM "en l'absence d'essai ouvert et malgré les réserves émises par l'ANSM, l'IHU Méditerranée a continué à délivrer ces traitements".

L'enquête menée par l'organisme, dont dépend l'IHU, confirme également que "certains" des patients traités contre la tuberculose avec la combinaison d'antibiotiques mise en cause ont été "atteints de complications rénales dont au moins un d'entre eux a nécessité une intervention chirurgicale", a écrit l'AP-HM.

"Je n'ai rien à voir avec cela"

Malgré cela, Didier Raoult rejette en bloc les accusations, assurant n'avoir été au courant de rien à ce sujet: "Je ne sais pas si quelqu'un une fois m'a vu traiter une tuberculose depuis 20 ans. Je ne traite pas les tuberculoses, je ne vois pas les tuberculoses, ce n'est pas vrai", martèle-t-il, "je n'ai pas eu de tuberculose dans ma consultation".

"Je pense qu'il y a des gens qui sont à l'affut de tout ce qu'on pourrait me reprocher. Là c'est typique je n'ai rien à voir avec cela, je n'ai pas prescrit ces médicaments, je ne connais pas ce malade je n'en ai jamais entendu parler", lance-t-il au sujet d'un patient mineur qui aurait eu de graves complications après être passé par l'IHU.

Interrogé sur les complications de santé chez des patients tuberculeux étant passés par l'IHU, Didier Raoult rappelle qu'un "certain nombre de médicaments ont un certain nombre de complications", et que les "accidents iatrogènes [effets indésirables provoqués par la prise d'un ou plusieurs médicaments, ndlr] provoqués par les médicaments, cela fait partie de la médecine. Donc vous ne pouvez pas sortir en cas en disant 'regardez celui-là c'est terrible il a eu un effet iatrogène', tout le monde a des effets iatrogènes".

La justice saisie

Il critique au passage fermement les personnes qui auraient transmis des informations sur des patients à Mediapart, cela "s'appelle de la trahison du secret médical. Celui ou celle qui a fait cela ne mérite pas d'être médecin", déclare-t-il.

L'ANSM a saisi fin octobre la justice au sujet de ces essais illégaux. Depuis la procureure de Marseille a annoncé que ces déclarations "font l’objet d’une première évaluation par le parquet de Marseille pour appréciation des suites à donner".

Salomé Vincendon
Salomé Vincendon Journaliste BFMTV