Présidentielle: les propositions santé influent le vote de 3 Français sur 4

Pour les Français, comme les médecins et les directeurs d’hôpitaux, la France dispose à la fois du meilleur système de santé et du meilleur système d’assurance maladie en Europe. - iStock - PeopleImages
Alors que l'issue de la campagne présidentielle demeure totalement indécise, un sondage Odoxa montre à quel point les questions de santé représentent un enjeu important dans le choix des électeurs. En effet, plus des trois quarts des sondés (77%) affirment que les propositions faites par les candidats auront un impact sur leur vote.
L'institut a interrogé médecins, directeurs d'hôpitaux, Européens et Français pour avoir leur avis sur deux axes: la perception du système de santé français en comparaison avec celle prévalent dans les autres pays et les mesures privilégiées pour faire face aux défis en termes de santé en France (Assurance maladie, déserts médicaux). Les résultats montrent que pour les Français, comme les médecins et directeurs d'hôpitaux, la France dispose à la fois du meilleur système de santé et du meilleur système d'assurance maladie en Europe.
Ainsi, 78% des Français interrogés, comme 69% des médecins et 68% des directeurs d’hôpitaux font de la France le champion d'Europe en termes de système de santé, devant l'Allemagne, le Royaume-Uni, l'Espagne et l'Italie. A ce très haut niveau de confiance des Français dans leur système de santé s'ajoute un bon niveau de perception de la France dans ce domaine à l'étranger: elle est souvent classée en 3ème position par les voisins européens derrière leur propre pays et l'Allemagne.
Une bonne satisfaction en tant que patient mais...
En interrogeant tous les Européens sur la fréquence de leur venue à l'hôpital au cours de ces deux dernières années, les experts estiment que la France est avec l'Allemagne le pays où le nombre de patients est le plus élevé avec 33% de Français ayant été hospitalisé au cours de cette période, soit cinq points de plus que la moyenne européenne.
Or, s'agissant de la satisfaction mesurée auprès des patients, le retour d'expérience montre que 86% des Français se déclarent "satisfaits" de leur fréquentation de l'établissement de santé. Un chiffre qui fait de la France le pays où ce taux est le plus élevé, devant l'Allemagne (83%), le Royaume-Uni (81%), l'Espagne (74%) et l'Italie (63%). Mais si les patients sont globalement satisfaits et si les Français sont largement convaincus de la qualité de leur système de santé, il existe tout de même de nombreuses difficultés auxquelles ils sont confrontés, à l'instar de leurs voisins européens.
Notamment, près de six Français sur dix (58%) affirment rencontrer des problèmes pour obtenir un rendez-vous avec un spécialiste et quatre Français sur dix (39%) en connaît pour payer des dépenses de santé qui ne sont pas remboursées par la Sécurité sociale et/ou l'assurance complémentaire. Bonne nouvelle cependant, les Français sont les Européens qui rencontrent systématiquement le moins de difficultés sur chacun des problèmes évoqués.
Des mesures, mais pas à n'importe quel prix
Mais ce niveau moyen de difficultés assez faible "masque des disparités conséquentes qui tiennent d'une part au lieu d'habitat et surtout d'autre part au milieu social des personnes interrogées, précise l'institut. Bref, malgré les hauts niveaux de satisfaction sur notre système de santé, celui-ci peut encore s'améliorer". Ce n'est donc pas une surprise si les Français approuvent toutes les mesures liées à la réduction du déficit de l'Assurance maladie... à condition que celles-ci n'impliquent aucun effort financier de leur part.
Ainsi, 83% d'entre eux se disent favorables à l'idée de favoriser les soins ambulatoires et 73% approuvent l'idée d'inciter les médecins à limiter les arrêts maladies. Développer l'usage des génériques et intégrer les mutuelles dans la sécurité sociale pour que celle-ci prenne en charge à 100% des frais de santé sont aussi des mesures plébiscitées par 7 à 8 Français sur dix.
En revanche, toutes les mesures impliquant un effort supplémentaire suscitent un large rejet: 73% des Français sont contre la mise en place d'une sorte de franchise en faisant payer à l'assurance complémentaire des patients les 1.000 premiers euros et une nette majorité (55%) refuse par ailleurs que le remboursement tienne compte des comportements des personnes (tabac, alcool, etc..). En clair, selon Odoxa, "il ne sera pas simple d'aller chercher des économies".
En ce qui concerne la problématique des déserts médicaux, tout le monde (Français, directeurs d'hôpitaux, médecins) s'accordent à dire qu'il y a un problème concernant la répartition des médecins par rapport aux besoins des patients. Mais si les premiers cités demandent une plus grande intervention des pouvoirs publics pour y remédier, les médecins la refusent majoritairement (56%).
Pourtant, près d'un médecin sur deux estime qu'il pourrait se laisser convaincre "si les mesures proposées leurs paraissaient incitative". A condition d'oublier les plus coercitives comme imposer aux jeunes médecins une affectation au profit de celles, moins sacrificielles, comme la mise en place de maisons professionnelles de santé.