Prescrit à 90.000 femmes, l'Androcur multiplie les risques de tumeur au cerveau

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S'oriente-t-on vers un nouveau scandale sanitaire? L'Androcur, un traitement contraceptif administré à plusieurs dizaines de milliers de femmes en France, est dans le viseur des autorités sanitaires, quelques jours après la remise d'un rapport sur la crise du Levothyrox à Agnès Buzyn.
Un traitement contre l'acné ou l'hirsutisme
L'Androcur, un contraceptif hormonal commercialisé par Bayer et sur le marché depuis les années 1980, est prescrit pour traiter, chez l'homme, le cancer de la prostate. Plus largement, chez la femme (80% des patients traités), il est utilisé pour soigner l'endométriose et certains dérèglements hormonaux comme l'acné ou l'hirsutisme. Sous sa forme la plus dosée, il peut être prescrit à certains agresseurs sexuels comme outil de "castration chimique", afin d'éviter la récidive.
Or, selon une nouvelle étude réalisée par l'Agence de sécurité du médicament (ANSM) et l'Assurance maladie, sur la durée, l'Androcur, prescrit en 2017 à 89.000 femmes en France, peut augmenter fortement le risque de tumeur au cerveau et en particulier de méningiome. Sur 25.000 femmes, l'étude a établi que pour une prise d'au moins trois grammes étalée sur plus de six mois, le risque de tumeur était multiplié par sept. Après cinq années de traitement, ce chiffre grimpe à 20, selon le rapport.
Bénin dans huit cas sur dix, le méningiome peut toutefois engendrer des séquelles, qui vont des troubles de la mémoire aux crises d'épilepsie, en passant par la perte de l'odorat.
Un risque inscrit sur les boîtes depuis 2011
Ce constat n'est toutefois pas tout à fait une découverte puisque, selon l'ANSM, "depuis 2009, l’acétate de cyprotérone fait l’objet d’une surveillance particulière". Le risque accru de méningiome figure même dans la notice du médicament depuis 2011.
Dans un communiqué en date du 7 septembre, l'ANSM annonce avoir créé un comité scientifique afin de réévaluer les conditions de prescription de l'Androcur à la lumière de ces nouvelles études. Sa prochaine réunion se tiendra le 1er octobre. Pour le moment, un retrait du marché n'est pas envisagé.