Pourquoi les sages-femmes se mettent-elles en grève ce jeudi?

Elles réclament une juste reconnaissance de leur métier. Ce jeudi, les sages-femmes se mettent en grève et descendent dans la rue pour réclamer notamment une revalorisation de leurs salaires, et une révision de leur statut au sein du personnel hospitalier.
Plusieurs rassemblements sont prévus en France, notamment à Lille, Lyon et Paris. Le cortège parisien s'élancera du Boulevard Montparnasse et prendra la direction du ministère de la Santé. Selon nos informations, le cabinet du ministre recevra ce jeudi chacun des syndicats et organisations professionnelles de sage-femme qui en auront fait la demande.
Prime de 100 euros
Depuis le début de l'année, les sages-femmes ont déjà défilé à cinq reprises pour obtenir une meilleure reconnaissance de leur fonction, et la "fin du mépris" des pouvoirs publics.
Et les dernières revalorisations salariales qu'elles sont parvenues à obtenir (une prime de 100 euros et une hausse du salaire d'environ 100 euros brut par mois) n'ont apparemment pas convaincu. Mais Camille Dumortier, présidente de l'Organisation nationale des sages-femmes, présente dans le cortège à Paris ce jeudi, assure que ce n'est pas simplement une question de salaires:
"Avant de porter sur les salaires, ça porte sur les effectifs, puisqu'on travaille avec des effectifs minimums, mais qui datent de 1998 donc qui sont complètement inadaptés par rapport à la charge de travail qu'on a à l'heure actuelle. Notamment avec le regroupement de beaucoup de maternités, de structures de grande ampleur" explique-t-elle au micro de BFMTV.
Réduites au métier de la salle de naissance
Depuis près de vingt ans, Marie exerce elle aussi ce métier. Une profession lourde en responsabilités, qui nécessite quatre ans d'études théoriques et une année de pratique. Pourtant, selon elle, son métier subit de plein fouet un cruel défaut d'information:
"Nos fonctions, notamment sur le suivi de grossesse, physiologique, sur le suivi gynécologique, de prévention, tout ça c'est complètement inconnu. Donc c'est vrai qu'on nous cantonne souvent au métier merveilleux de la salle de naissance, mais en fait, pas du tout", déplore-t-elle.
Pénurie de sages-femmes en maternité publique
Cela fait des années que la profession de sage-femme réclame une revalorisation de son statut et un meilleur salaire. Mais face à ce manque cruel de reconnaissance et avec des conditions de travail qui se dégradent de plus en plus, nombreuses sont celles à faire le choix de quitter les maternités publiques. C'est en tout cas ce phénomène qu'observe François Goffinet, chef de service de la maternité de Port-Royal à Paris.
"Il y avait des sages-femmes qui peut-être avant restait quinze ou vingt ans, maintenant au bout de quelques années elles partent en libéral, elles partent s'installer pour faire de la consultation en ville ou elles vont dans de petites maternité", constate-t-il.
Les seules sages-femmes qui restent sont par conséquent en sous-effectif. Ce qui provoque une détérioration, encore, des conditions de travail, avec un rythme effréné et des équipes de plus en plus fatiguées:
"Cela pèse psychologiquement, parce que parfois on a des situations qui sont très difficiles, et on n'a pas du tout le temps ni les moyens de les accompagner", témoigne Clémence Loscul, qui exerce toujours en maternité. "Et puis ça pèse physiquement car ce sont des gardes qui sont chargées, et éprouvantes physiquement."
En France, on dénombre plus de 23.000 sages-femmes. Parmi elles, 34% exercent en profession libérale, un chiffre qui devrait doubler d'ici 2050.