Pollution aux particules fines: SpF pointe un coût économique important pour les Français

Une pollution aux particules fines - Image d'illustration - FREDERICK FLORIN © 2019 AFP
Une pollution et de multiples conséquences. Dans une étude inédite publiée mercredi 29 janvier nommée "Asthme, accident vasculaire cérébral, diabète… Quels impacts de la pollution de l’air ambiant sur la santé? Et quel impact économique?", Santé publique France (SpF) s'est penché sur les différents impacts de la pollution aux particules fines en France hexagonale, qui fait annuellement 40.000 morts.
L'un des principaux enseignements de ces travaux en partenariat avec l'école Aix-Marseille School of Economics, qui concerne la période 2016-2019 - donc avant la pandémie de Covid - reste le "poids économique majeur" de la pollution de l'air.
Celui-ci équivaut à "12,9 milliards d'euros en lien avec les PM2,5, soit environ 200 euros par an et par habitant, et 3,8 milliards d'euros pour le NO2, soit 59 euros par an et par habitant".
Ces chiffres comprennent la consommation de ressources médicales (consultations, médicaments, hospitalisations, transports...), les ressources perdues par la société (salaires, moindre accès au marché du travail, retraite anticipée) et la perte de bien-être pour les patients, a détaillé l'économiste Olivier Chanel à l'AFP.
Huit maladies passées au crible
Santé publique France alerte également sur l'aspect sanitaire d'une telle pollution et pointe plusieurs dizaines de milliers de nouveaux cas de maladies chaque année.
Pour cela, les travaux se sont intéressés au développement de huit maladies au lien avéré avec l'exposition aux particules fines et au dioxyde d'azote dont le cancer du poumon, la BPCO, l'asthme, la pneumopathie et d'autres infections aiguës des voies respiratoires inférieures (grippe exclue), mais aussi l'AVC, l'infarctus, l'hypertension et le diabète de type 2.
D'une maladie et d'un polluant à l'autre, "entre 12 et 20% des nouveaux cas de maladies respiratoires sont recensés chez l'enfant (soit 7.000 à 40.000 cas). Chez l'adulte, c'est entre 7 et 13% des nouveaux cas de maladies respiratoires, cardiovasculaires ou métaboliques (4.000 à 78.000 cas)" qui sont attribuables chaque année à la pollution de l'air.
"Certaines populations sont plus vulnérables": les enfants, davantage exposés à des maladies ultérieures en raison d'une capacité respiratoire entravée, les personnes âgées, les femmes enceintes, les travailleurs ou sportifs en extérieur, les fumeurs, a noté Sylvia Medina, coordonnatrice du programme Air et Santé de Santé publique France, lors d'une conférence de presse.
"Réduire les niveaux des particules fines et de dioxyde d'azote dans l'air ambiant" permettrait d'éviter "plusieurs dizaines de milliers de cas de maladies" souligne l'étude menée avec plusieurs organismes partenaires.
Directive européenne en 2030
Ramener les concentrations aux niveaux recommandés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) éviterait les trois-quarts des cas de maladies liées à l'exposition aux particules fines (PM2,5) et diviserait par deux celles liées au dioxyde d'azote (NO2). Ainsi, 30.000 nouveaux cas d'asthme chez les enfants de 0 à 17 ans seraient épargnés.
Une nouvelle directive européenne sur la qualité de l'air va durcir en 2030 les seuils de particules et de dioxydes d'azote.
"C'est un premier pas, qui supprimerait 15% du fardeau total des maladies prises en compte dans notre étude", a déclaré à l'AFP Guillaume Boulanger. L'objectif français reste toutefois de viser les valeurs OMS, plus ambitieuses.
Les politiques publiques, au risque d'être impopulaires, doivent poursuivre leurs efforts sur tout le territoire et sur toutes les sources de polluants de l'air, notamment le trafic routier mais aussi le chauffage au bois, l'industrie, les émissions du secteur agricole, ont plaidé les experts. Ces dernières années, l'action s'est aussi prolongée en justice.
En juin 2023, l'État a ainsi été condamné, pour la première fois, à indemniser des victimes de la pollution de l'air par un tribunal, qui a jugé que deux enfants atteints de bronchiolites et otites répétées avaient été rendus malades en raison, entre autres, du dépassement des seuils de pollution en région parisienne.