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Santé

PFAS: une étude pointe leurs "conséquences néfastes" sur le placenta et le développement du fœtus

Photo prise en février 2001 d'une échographie d'un foetus, environ cinq mois après la conception.

Photo prise en février 2001 d'une échographie d'un foetus, environ cinq mois après la conception. - Didier Pallages - AFP

Une étude française menée par des chercheurs grenoblois de l'Inserm suggère que les PFAS, aussi appelés "polluants éternels", peuvent "altérer la santé du placenta pendant la grossesse". En découlent des conséquences pour l'enfant et la mère.

Les effets négatifs des PFAS se confirment. Les PFAS (ou perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées) sont des substances chimiques polluantes "extrêmement persistantes", comme le rappellent les agences sanitaires françaises. Également appelés "polluants éternels", ils sont régulièrement l'objet de controverses et sont présents dans notre environnement: eau du robinet, alimentation, air, etc. Et se retrouvent ensuite dans nos organismes.

Mais un nouvel effet néfaste s'ajoute à la liste de nos connaissances sur leurs effets. Les résultats d'une étude française menée par des chercheuses et des chercheurs grenoblois de l’Inserm concluent que "les PFAS peuvent altérer la santé du placenta pendant la grossesse", comme l'écrivent les chercheurs dans un communiqué de presse diffusé ce jeudi 13 février.

Entre 2014 et 2017, un groupe de 367 femmes enceintes et leurs enfants ont été suivis pour étudier l'impact de ces polluants dits éternels sur leur placenta, qui sert de liaison entre la mère et l'enfant durant la grossesse. Les résultats préoccupants de l'étude ont été publiés le 30 janvier 2025 dans la revue scientifique Environment International.

Hypertension, bébés plus petits: "des complications pendant la grossesse"

"Le placenta est un organe essentiel pendant la grossesse qui fait le lien entre la mère et le fœtus et permet, entre autres, les échanges de gaz et de nutriments", rappelle Claire Philippat, co-dernière autrice de l’étude et chercheuse à l’Inserm.

Il en ressort que l'exposition aux PFAS provoque une moins bonne perfusion du placenta et une diminution des échanges entre la mère et le fœtus. La conséquence: une baisse des apports en oxygène et en nutriments délivrés à l'enfant en développement.

Concrètement, des "conséquences néfastes" semblent selon cette étude découler de ce dérèglement. "La dérégulation (...) a été associée à des complications de la grossesse", dont la prééclampsie, un trouble qui se manifeste par de l'hypertension artérielle.

Mais les PFAS ont aussi pour effet un risque accru de donner naissance à "des bébés de petit poids", bien que les grossesses n'aient pas été plus courtes que la durée de gestation classique, avec une médiane observée de 40 semaines.

"Une étude dans la même population (Ouidir et al., 2019) n'a trouvé aucune association entre cette variable de groupe PFAS et le poids à la naissance", précisent cependant les chercheurs grenoblois dans leur publication.

Les PFAS, un ennemi encore méconnu?

Les conclusions des chercheurs français s'inscrivent dans la lignée de précédentes études similaires, approfondissant encore davantage certaines connaissances sur les mécanismes en jeu. Mais l'état de la connaissance scientifique sur cette question reste à approfondir, comme le soulignent les spécialistes.

"À l’avenir, l’équipe scientifique souhaite reproduire cette étude à plus grande échelle pour confirmer ces résultats (...) Nous espérons qu’une étude nationale verra le jour sous peu afin de mieux comprendre les conséquences de l’exposition aux PFAS sur la santé de la mère et de l’enfant", peut-on lire dans le communiqué.

Les PFAS, ces polluants éternels indétectables
Les PFAS, ces polluants éternels indétectables
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D'une manière générale, les effets sur l'organisme humain des PFAS restent encore mal connus. L'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) estime au moins que certains effets délétères ont déjà pu être au moins partiellement démontrés.

Augmentation du taux de cholestérol, cancers, effets sur la fertilité et le développement du fœtus, sur le foie, sur les reins, etc. "Ils sont également suspectés d’interférer avec le système endocrinien (thyroïde) et immunitaire", liste l'Anses dans une page dédiée.

Tom Kerkour