Eau du robinet: une étude choc révèle l'omniprésence de PFAS dans de nombreuses villes

Savons-nous vraiment ce qui coule de nos robinets? Une étude "préoccupante" est publiée ce jeudi 23 janvier par l'UFC-Que Choisir et "Générations Futures". Tests à l'appui, les organismes alertent sur la "présence massive" de PFAS dans l'eau du robinet. Un constat flagrant:
"Ces substances quasi-indestructibles et toxiques pour certaines d'entre elles ont été détectées dans 29 des 30 prélèvements analysés par les associations, y compris dans de grandes villes comme Paris, Lyon et Bordeaux", avertissent les deux associations françaises.
Les PFAS (ou perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées) sont des substances chimiques "extrêmement persistantes", comme le rappellent les agences sanitaires. On en compte plusieurs milliers de sortes, rejetées dans l'environnement par diverses industries, textile, agroalimentaire, etc.
Des prélèvements ont eu lieu dans 30 communes. Mais toutes ne font pas face à des résultats d'une même gravité. Ainsi, dans les environs de Tours ou de Rouen, les auteurs de l'étude ont analysé dans l'eau un "cocktail chimique" avec respectivement 10 et 11 types de ces polluants éternels.
Une question de réglementation?
Pourtant, d'un point de vue strictement réglementaire, les taux observés sont dans les clous. Des seuils trop permissifs aux yeux d'Olivier Andrault, chargé de mission alimentaire au sein de L'UFC-Que Choisir.
"Selon l'approche qui est adoptée par la France, à partir de 2026, la totalité de ces prélèvements seraient considérés comme conformes. En revanche, si on applique des normes plus sévères, par exemple celle qui est utilisée par le Danemark, on aurait à ce moment-là 80% de non conformité", avance-t-il auprès de BFMTV.
Les Danois sont les plus stricts en la matière. Ils tolèrent un taux dix fois inférieur à celui de la France. Mais d'autres pays comme les États-Unis ont fixé des niveaux de non-conformité plus rigoureux que la France en la matière, qui s'inscrit toutefois dans le cadre de l'UE.
Des incertitudes d'un point de vue sanitaire
Les PFAS polluent tous les milieux, qu'il s'agisse de l'eau, de l'air ou même de nos aliments. Leurs effets sur nos organismes font l'objet d'études, avec un consensus en train de se dessiner autour du caractère nocif de ces éléments.
"Les travaux scientifiques sur certains PFAS connus montrent qu’ils peuvent avoir des effets délétères pour l’être humain: augmentation du taux de cholestérol, cancers, effets sur la fertilité et le développement du fœtus, sur le foie, sur les reins, etc. Ils sont également suspectés d’interférer avec le système endocrinien (thyroïde) et immunitaire", explique l'Anses dans une page dédiée.
En avril 2024, le gouvernement a dévoilé un plan interministériel ayant notamment pour objectif de mieux connaître ces polluants, tant dans la manière dont les personnes sont exposées, que sur l'effet sur "la santé humaine et la biodiversité".
Le ministère de la Santé assurait par ailleurs en 2024 mener régulièrement des "campagnes exploratoires" sur la qualité de l'eau et la présence de ces indésirables, notamment les moins connus. "S’agissant de la connaissance des risques sanitaires liés à la présence de PFAS (...) différents travaux sont menés pour apporter des éléments de réponse actualisés".