Pass sanitaire, vaccination: quand les familles se divisent

Le débat agite toujours la scène publique mais l'adhésion au pass sanitaire gagne au fil du temps une majorité de plus en plus large des Français. Selon notre sondage "L'Opinion en direct" piloté par l'institut Elabe et dont nous publions un nouveau volet ce lundi, le sésame - décidé par l'exécutif dans l'idée de contrecarrer la diffusion du virus en réservant l'accès à certains espaces à ses porteurs - recueille l'approbation de 64% à 77% de nos concitoyens selon les lieux de son application. La dent basse de cette fourchette désigne l'entrée dans les bars et les restaurants, sa dent haute renvoyant aux transports.
Toujours d'après notre enquête d'opinions, 54% de nos compatriotes disent dorénavant leur hostilité au mouvement anti-pass, un total en progression de six points par rapport à la précédente mesure publiée au début du mois d'août. Des statistiques qui montrent que les positions bougent mais que la discussion est loin d'être close. Au point parfois de provoquer des bisbilles, voire la désunion au sein même des familles.
"On ne se parlera plus"
Régine, Montalbanaise de 66 ans, devait recevoir son neveu chez elle cet été. C'était sans compter sur leurs divergences: "Il m’a dit qu’il n’avait pas de pass sanitaire, qu’il ne voulait pas. Je lui ai dit: 'Je t'avoue que ça me pose un problème. Je ne t'accepte pas parce que tu n'es pas vacciné'", raconte-t-elle. Car si le pass n'implique pas forcément le vaccin et que la question de la vaccination ne se réduit pas à celle du pass, les deux thèmes sont étroitement imbriqués dans ces échanges.
Ceux-ci ont en tout cas fait des dégâts dans la famille de Régine, dont les relations avec son neveu semblent au point mort:
"On s'est fermé la porte, on ne se parlera plus."
"Il ne changera pas d'avis d'ici au mariage"
Béatrice, quant à elle, est de Bordeaux. Sa famille ne se porte pas si mal car elle se projette déjà vers le mariage, imminent, auquel elle a été conviée. Mais les divisions autour du pass sanitaire ont tout de même rattrapé par la manche cette mère de deux enfants. En effet, si sa fille sera bien présente à la cérémonie et aux festivités, comme son mari, son fils fera l'impasse.
Le pass sanitaire est obligatoire lors des mariages organisés dans des lieux accueillant du public, alors ce sera sans lui.
"Mon fils ne va pas au mariage car il ne veut pas se faire vacciner. Il ne changera pas d’avis d’ici le mariage donc effectivement il y a énormément de débat autour de ça", expose Béatrice.
Affect
Comment expliquer des tensions si vives, ces positions qui traduisent, selon les points de vue, des crispations ou une question de principe? "Les gens y mettent beaucoup d’affect parce que ça contient à la fois la santé, la liberté, des énormes valeurs, des sujets énormes", répond la conseillère conjugale et familiale Diane de la Morinière devant notre caméra. Elle poursuit:
"Les gens perdent un peu la mesure et le contrôle de leurs émotions."
En-dehors d'un schéma vaccinal complet, deux autres moyens permettent d'obtenir - mais cette fois temporairement - son pass sanitaire: la production d'un test négatif (PCR, antigénique ou autotest) de moins de 72 heures, ou au contraire le résultat positif à la contagion d'un test PCR ou antigénique vieux d'au moins 11 jours et de moins de six mois, prouvant qu'on a été contaminé par le Covid-19 avant de se rétablir.
Et les derniers chiffres officiels révèlent une explosion estivale des tests et un essoufflement de la vaccination, bien que 70% des Français aient reçu au moins une dose et que 61% aient achevé leur parcours de vaccination. On a ainsi compté 5,7 millions de dépistages effectués lors de la deuxième semaine d'août. Dans le même temps, le nombre de premières injections passait de 2,6 millions fin juillet à 1,1 million.