Noël et Covid-19: faut-il retirer ses enfants de l'école avant la fin de la semaine?

Une classe (photo d'illustration) - REMY GABALDA © 2019 AFP
S'auto-confiner une semaine avant Noël pour limiter les risques d'une troisième vague? C'est ce qu'a recommandé le Conseil scientifique dans une "note d'éclairage scientifique" dévoilée lundi soir. Et pour que l'ensemble du foyer puisse appliquer cette recommandation, le Conseil demande "une tolérance" afin que les écoliers, collégiens et lycéens puissent manquer les cours les jeudi 17 et vendredi 18 décembre, sans être pénalisés.
Suivant cet avis, le cabinet du ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a fait savoir dès lundi soir que cette "tolérance" sera belle et bien mise en place. Invité d'Europe 1 ce mardi matin, le Premier ministre, Jean Castex, a lui aussi dit appuyer cette recommandation, suggérant de l'appliquer "à chaque fois que cela est possible". Cette mesure a-t-elle un réel intérêt sur le plan sanitaire? Comment les personnels de l'Éducation nationale l'accueillent-elles? BFMTV.com fait le point.
· Une recommandation plébiscitée du point de vue sanitaire
L'ensemble des scientifiques et soignants interrogés ce mardi sur BFMTV s'accordent pour vanter l'efficacité d'un auto-confinement des enfants avec leurs parents, les fêtes de fin d'année pouvant être une période à risque alors que les indicateurs de l'épidémie stagnent en France, voire repartent légérement à la hausse dans certaines régions.
"Je pense que c'est une bonne mesure. Elle n'aurait pas été prise si on avait laissé le confinement jusqu'à janvier. Il s'agit là d'un compromis, d'actes individuels que l'on doit appuyer pour éviter que l'épidémie reparte et que l'on se retrouve avec une troisième vague en janvier", a commenté sur notre plateau Karine Lacombe, cheffe de service des maladies infectieuses à l'hôpital Saint-Antoine.
Pour Frédérique Adnet, chef du service des urgences de l'hôpital Avicenne (Bobigny), il s'agit d'un "raisonnement scientifique logique", étant donné que la transmission du virus est corrélée au nombre d'interactions sociales.
"Plus on limite les interactions sociales, plus on va limiter la transmission du virus. Si l'école est essentielle, il s'agit également d'un lieu où les interactions sociales sont importantes", a-t-il souligné sur notre antenne.
Jean-Stéphane Dhersin, directeur adjoint scientifique adjoint de l’Institut national des sciences mathématiques et de leurs interactions du CNRS, voit dans cette recommandation "une excellente mesure du point de vue de l'épidémie". Car les parents et les enfants, en se confinant ensemble, "vont former un foyer avec aucun contact extérieur".
"Soit le virus est rentré, soit il n'est pas rentré et il ne rentrera plus. Une semaine après, le foyer familial, s'il n'a pas de symptômes, va avoir de fortes chances de ne pas avoir attrapé le virus. Ce foyer-là ne sera pas infectieux et pourra donc rencontrer d'autres personnes de façon non-risquée", a-t-il précisé.
Le pédiatre et infectiologue Robert Cohen estime en outre que "sur le plan de l'éducation, manquer les deux derniers jours d'école ne sera pas une catastrophe". L'avis du Conseil scientifique lui paraît donc "raisonnable" et "équilibré", en particulier pour les collégiens et les lycéens, le taux d'infection étant "élevé" chez les adolescents.
· Une mesure floue et annoncée tardivement pour les enseignants
Si les enseignants comprennent l'importance d'une telle recommandation sur le plan sanitaire, ils dénoncent cependant son annonce tardive et le manque de communication de la part du gouvernement.
"Les personnels de l'Éducation nationale n'ont reçu aucune recommandation officielle, aucune indication, aucune note de service. Cela nous paraît un peu problématique en terme de calendrier", a dénoncé ce mardi sur BFMTV Jean-Rémi Girard, président du Syndicat national des lycées, collèges, écoles et du supérieur (SNALC).
Le syndicaliste s'est demandé pourquoi les vacances de Noël n'avaient pas simplement commencé deux jours plus tôt. Car, selon lui, "la majorité des élèves vont venir" et tous les personnels de l'Education nationale "ne vont pas du tout pouvoir s'auto-confiner". "Nous, nous ferons cours normalement jeudi et vendredi", a-t-il ajouté.
"On a une solution mi-figue mi-raisin comme on fait dans l'Éducation nationale pendant l'épidémie", a-t-il estimé, ajoutant que les enseignants feront cours "normalement" jeudi et vendredi.
Une position partagée par Sophie Vénétitay, secrétaire générale adjointe du syndicat SNES-FSU, qui a considéré sur BFMTV que cette recommandation "est le symbole de la façon dont l'épidémie est gérée sur le plan national, entre contradictions et improvisations permanentes".
"Pendant des semaines, on nous a dit que l'école n'était pas un lieu de contaminations et là en catastrophe on nous dit que les élèves doivent s'auto-confiner. On a eu une réunion sanitaire jeudi dernier et il n'en a jamais été question. On se demande s'il y a un pilote au sein de l'Éducation nationale", s'est-elle interrogée.
Le monde éducatif attend désormais des éclaircissements concernant cette mesure et appelle à anticiper la rentrée du mois de janvier.