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Santé

Météo: la douceur retarde l'arrivée de la grippe mais pas des autres virus

Le nombre de consultations pour des symptômes grippaux est en baisse par rapport à l'an dernier.

Le nombre de consultations pour des symptômes grippaux est en baisse par rapport à l'an dernier. - Denis Charlet - AFP

La météo de ces dernières semaines affiche des températures anormalement douces pour un mois de décembre. Conséquence, l'épidémie de grippe annuelle n'est pas au rendez-vous, mais d'autres virus font leur apparition.

Cette année, c'est sûr, on fêtera Noël au balcon. Pour jeudi, Météo France prévoit des températures de 12 degrés à Lille, 13 à Paris, 15 à Lyon et jusqu'à 17 à Bayonne. Pour les vacanciers, cette situation est synonyme d'absence de neige dans de nombreuses stations. Pour les commerçants, la météo étonnamment douce a modifié les habitudes des Français et fait baisser les ventes. Une autre conséquence est désormais à prendre en compte: l'absence d'épidémie de grippe.

Traditionnellement, le mois de décembre sonne aussi le début des virus d'hiver. L'an dernier à la même époque, l'Institut de veille sanitaire enregistrait 69 consultations pour syndromes grippaux pour 100.000 habitants. "La semaine dernière, on a enregistré 49 consultations pour syndromes grippaux pour 100.000 habitants", indique Isabelle Bonmarin, coordinatrice de surveillance de la grippe à l'InVS.

"Barrière physique"

L'absence relative de malades pourraient avoir des conséquences sur les traitements. "On dispose de si peu de virus, qu'on ne peut pas à ce stade dire de quel type il s'agit", précise la coordinatrice de l'InVS. La grippe se propage habituellement lorsque les températures sont basses parce que le froid diminue nos défenses immunitaires, nous rendant plus vulnérables à ce virus.

Pour le virologue, les défenses immunitaires arriveraient à nous protéger contre le virus. "Nos cellules ne sont pas nues. Elles sont couvertes de fluides qui jouent le rôle de barrière physique (...) Ces virus n'arrivent pas à se faufiler à travers cette couche de liquide qui nous protège", explique Bruno Lina. Or, "quand il fait froid, ce mucus s'assèche. Il joue alors moins bien son rôle de barrière", ajoute-t-il.

Développement de maladies respiratoires

Toutefois, les Français ne sont pas à l'abri d'autres maladies et notamment respiratoires. "On a une activité importante car on a beaucoup de pathologies de types ORL ou bronchiques", indique Pierre-Henry Juan, président de SOS médecins, pointant du doigt les écarts de température dans une même journée: "Le matin, il fait 7 degrés, l'après-midi, il peut faire 20°C et le soir 10°C". "Il y a actuellement beaucoup de virus respiratoires", confirme Bruno Lina. "Parce qu'on est dans une ambiance tempérée légèrement humide qui favorise leur transmission et parce que le virus de la grippe n'est pas là", résume-t-il. 

Dans le détail, les virus arrivent de manière séquentielle, explique les spécialistes. Ainsi, la rhinopharyngite laisse sa place au virus respiratoire syncytial (VRS), qui donne en général une bronchiolite. Enfin, quand celui-ci est moins fort, la grippe se développe. Aujourd'hui, les médecins constatent une diminution de l'épidémie de bronchiolite, mais la grippe tarde à sévir. Pour autant, ce n'est qu'une question de temps, disent-ils unanimement. "En 35 ans d'historique de la grippe, il y a toujours eu des épidémies chaque hiver même si, parfois, elles étaient d'une faible ampleur", souligne Isabelle Bonmarin.

Manque de repos

Et ne pas constater d'épidémie de grippe à la veille de Noël n'a rien d'exceptionnel. "Il y a deux et quatre ans, nous enregistrions le même niveau d'activité. Il y a eu dans le passé des épidémies qui ont même démarré beaucoup plus tard comme en 1988 et 1998", vers la fin février, précise Mme Bonmarin.

Le Dr Olivier-Koehret, qui représente les médecins généralistes, note que si la température chutait brutalement, l'épidémie pourrait toutefois prendre de court un grand nombre de personnes. D'autant qu'avec cette météo exceptionnellement douce, "les gens ne se reposent pas". "Normalement, l'hiver, on est moins actif, on se met au repos, on dort plus. Là, on vit comme si on était en été. on est sur les terrasses, on sort plus", observe-t-il. "Tout ceci affaiblit l'organisme" et le rend plus vulnérable au virus.

J.C. avec AFP