Lits supplémentaires, étudiants en renfort: l'hôpital de la Timone à Marseille ne voit pas de décrue

Pas de "décroissance" de l'épidémie à l'horizon à Marseille. Le taux d'incidence au sein de la métropole est de 517,7 cas pour 100.000 habitants sur les sept derniers jours - nettement au-dessus de la moyenne nationale (337,5). Et tandis que l'exécutif se prépare à l'après-crise de la troisième vague, les soignants de la cité phocéenne, et plus particulièrement de l'hôpital de la Timone, font toujours face à un afflux important de malades du Covid-19.
Au sein de l'établissement, la situation est similaire à celle de la première vague, à ceci près que les soignants constatent une baisse significative de la moyenne d'âge de leurs patients.
"Avant c'était plutôt des patients de 67 ans puis de 60 ans, et là sur les 15 derniers jours on a eu un vrai rajeunissement", constate Lionel Velly, chef du service anesthésie réanimation à l'hôpital de la Timone. "Quand vous regardez l'incidence, on est à plus de 800 sur les 30 ans."
Des patients plus jeunes
Selon les dernières données de Santé Publique France, le taux d'incidence sur la semaine dernière pour les habitants des Bouches-du-Rhône âgés entre 20 et 29 ans s'élevait à 787 cas pour 100.000 habitants.
Des patients plus jeunes, atteints de formes plus graves de la maladie, et souffrant d'un manque d'oxygène. Une technique extrêmement lourde permet toutefois d'offrir une solution thérapeutique pour les patients les plus touchés: l'ECMO ou l'oxygénation extra-corporelle.
"Cela permet d'oxygéner le sang du patient, de faire sortir le sang du patient, de l'oxygéner et ensuite de réinjecter dans le patient", explique Arthur Malet, médecin réanimateur de la Timone. "Quand on arrive plus à les oxygéner avec ces techniques-là, en fait on n'a aucune autre possibilité."
Plus de 100 lits supplémentaires ouverts
Au total ce sont 1555 personnes qui sont actuellement hospitalisées pour une infection au Covid-19 dans le département des Bouches-du-Rhône, parmi lesquels 349 patients en soins critiques. Et le plateau ne semble toujours pas atteint pour ces deux données hospitalières.
L'hôpital de l'Assistance Publique - Hôpitaux de Marseille n'a donc eu d'autres choix que de pousser les murs et d'ouvrir 108 lits supplémentaires pour pouvoir continuer à accueillir les malades et ce, jusque dans le service pédiatrique.
"Il a fallu investir ces lits avec des adultes parce qu'il n'y avait plus suffisamment de place. La seule fois où on l'a fait c'était en avril dernier", relève Lionel Velly.
Les étudiants mobilisés
Manque de places, et manque de soignants. Malgré le plan de recrutement initié par l'AP-HM qui a permis d'embaucher 250 personnes dans les hôpitaux de la ville, les élèves anesthésistes de Marseille ont dû venir en renfort.
"On a des études à mener, et on va manquer de stade, on va manquer de cours", explique Nicolas. L'étudiant anesthésiste appelé en renfort à la Timone, craint de ne pouvoir apprendre correctement "les compétences nécessaires pour exercer dans un an et demi, deux ans, notre métier d'infirmier anesthésiste".
L'enseignement se fera cette fois-ci sur le terrain puisque des sessions de formation sont organisés par l'hôpital afin de rendre ces étudiants opérationnels dès que possible, signe d'une situation sanitaire qui reste bien critique.