Les violences verbales pendant l'enfance sont tout aussi néfastes sur la santé mentale que la maltraitance physique

Un enfant dans un couloir de l'Unité spécialisée de protection de l'enfance (Cased) à Rennes, le 7 juin 2021 (photo d'illustration) - Sébastien Salom-Gomis/AFP
Des effets à vie. Une étude menée sur plus de 20.600 personnes habitant en Angleterre et au Pays de Galles montre que la violence et la cruauté verbale durant l'enfance a des effets similaires à la maltraitance physique sur une personne et son mal-être durant sa vie d'adulte.
Les résultats de cette étude, publiés mardi 5 août dans le journal BMJ Open et repris par le média américain CNN, indiquent qu'une personne ayant subi des violences verbales a 60% plus de chances de souffrir d'une mauvaise santé mentale.
"Les résultats suggèrent que les violences verbales dans l’enfance peuvent laisser des cicatrices sur la santé mentale aussi profondes et durables que celles causées par les violences physiques", a déclaré l’auteur principal de l’étude, Dr Mark Bellis, professeur de santé publique et de sciences du comportement à l’Université John Moores de Liverpool au Royaume-Uni.
Un lien entre violences et santé mentale
Selon cette étude, une personne qui n'a subi aucune violence physique ou verbale durant son enfance a 16% de chance de présenter une mauvaise santé mentale. Une victime de violence physique a quant à elle une probabilité de 22,4% de mal-être une fois adulte. Un chiffre qui passe à 23,8% pour les victimes de violence verbale.
Enfin, une personne exposée à la fois aux violences verbales et physiques durant son enfance voit ses chances d'être sujet à un mal-être durant sa vie adulte augmentées, soit 29,1%.
Concrètement, les recherches montrent que plus une personne est exposée à une violence durant son enfance, qu'elle soit physique ou verbale, plus il a de chance lors de sa vie adulte de ne "jamais ou rarement se sentir optimiste", "ne jamais ou rarement se sentir utile" ou encore "ne jamais ou rarement se sentir détendu".
La cruauté verbale envers les enfants en augmentation
Une observation importante, car si les violences physiques sur les enfants ont diminué de moitié, passant de 20% chez les personnes nées entre 1950 et 1979 à 10% chez celles nées en 2000 ou après, la cruauté verbale, quant à elle, a augmenté. De 11,9% pour les personnes nées avant 1950, ce chiffre passe à près de 20% pour les personnes nées à partir de l'an 2000.
Les chercheurs alertent donc sur la prévention autour des violences infantiles et estiment que la lutte contre les violences envers les enfants doit également comprendre la cruauté verbale et pas uniquement les châtiments corporels.
L'étude appelle à prendre davantage en compte les conséquences des violences verbales dans l'aggravation des problèmes de santé des personnes concernées.