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Santé

Les jeunes s'alcoolisent de plus en plus

Le phénomène d'alcoolisation massive devient très inquiétant chez les jeunes.

Le phénomène d'alcoolisation massive devient très inquiétant chez les jeunes. - Alexander Nemenov - AFP

ENQUÊTE - En 10 ans, la part des 18-25 ans qui ont connu au moins une ivresse dans l'année a fortement augmenté, révèle une étude de l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé. En cause, le phénomène d'alcoolisation massive ou "binge drinking".

Triste constat. Les ivresses et les beuveries express ("binge drinking") sont de plus en plus fréquentes chez les jeunes, et les filles sont en train de rattraper les garçons, selon des données chiffrées rendues publiques mardi par l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes).

"La consommation d'alcool est particulièrement préoccupante chez les jeunes et notamment les jeunes filles" relève François Bourdillon, le directeur général de l'Inpes qui souligne que la recherche d'ivresse "est véritablement marquée dans les jeunes générations". En 10 ans, note-t-il, la part des 18-25 ans qui ont connu au moins une ivresse dans l'année est passée de 33% à 46% tandis que ceux qui en ont connu au moins trois a presque doublé, passant de 15% à 29%.

Le "binge drinking" en pleine expansion

Les résultats sont extraits du "Baromètre santé", une vaste enquête sur la santé réalisée entre décembre 2013 et mai 2014 par l'Inpes auprès de 15.635 personnes âgées de 15 à 75 ans. Les séances d'alcoolisation massive, connues sous le nom anglais de "binge drinking", sont en plein essor depuis quelques années en France. "Il s'agit d'un phénomène anglo-saxon qui est en train de pénétrer la génération des 15-24 ans" souligne l'expert. Selon l'enquête, 14% des 15-24 ans, 10% des 25-34 ans et 6% des 33-44 ans s'y sont adonnés au moins une fois dans l'année.

Les jeunes femmes de plus en plus concernées

Mais alors que les ivresses et les beuveries étaient autrefois plus courantes chez les jeunes hommes, les jeunes femmes sont désormais de plus en plus concernées. C'est notamment le cas des ivresses répétées (au moins trois ivresses dans l'année) chez les étudiantes, dont le nombre est passé de 8% en 2005 à 19% en 2010 et 28% en 2014. Les ivresses régulières (au moins 10 dans l'année) sont désormais rapportées chez 11% des étudiantes, contre 7% en 2010 et 2% en 2005.

"Il s'agit d'un phénomène très inquiétant" dans la mesure notamment ou l'alcoolisation excessive est l'une des "principales causes des violences faites aux femmes", souligne l'Inpes. Car au-delà des violences, l'ivresse peut également conduire à des comas éthyliques potentiellement mortels et des rapports sexuels non protégés, est-il également précisé. La publication de l'enquête survient alors que plusieurs mesures visant à réduire les risques d'une consommation excessive d'alcool figurent dans le projet de loi santé actuellement examiné à l'Assemblée nationale.

Mélanie Godey