Les infections nosocomiales continuent d'augmenter et sont plus résistantes

Un malade sur vingt contracte une infection dans le milieu hospitalier - AFP
Les infections nosocomiales (contractées dans les établissements de santé) ne cessent d'augmenter ces dernières années et près de la moitié d'entre elles impliquent des bactéries hautement résistantes aux antibiotiques, d'après une étude publiée ce mardi dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH).
Des bactéries multirésistantes
En effet, un patient hospitalisé sur vingt est touché par au moins une infection nosocomiale chaque année en France, soit 750.000 patients concernés, dont quatre mille en meurent.
Entre 2001 et 2017, 23.000 cas d'infections nosocomiales les plus graves ont été signalés auprès de Santé Publique France sur un ensemble de 100.700 patients. Des signalements en hausse en raison de l'augmentation des infections causées par des bactéries résistantes à un ou plusieurs antibiotiques: en 2001 elles ne représentaient pas plus de 2,5% alors qu'elles dépassent les 50% depuis 2012.
Parmi les bactéries le plus fréquemment responsables d'infections nosocomiales contractées au cours d'un séjour à l'hôpital figuraient Escherichia coli et le staphylocoque doré. Mais bonne nouvelle, depuis 2012 le staphylocoque doré représente à peine 2% des signalements, contre 10% en 2003.
L'étude du BEH indique également que les infections à Clostridium difficile responsables de douleurs abdominales, fièvre et fortes diarrhées, ont progressivement reculées. La bactérie à l'origine de près de 21% des cas signalés en 2007, représente aujourd'hui entre 2 et 4% des signalements.
Une meilleure utilisation des antibiotiques
Mais de nouvelles bactéries sont devenues les bêtes noires des médecins hygiénistes. Les plus à craindre sont désormais les entérobactéries productrices de carbapénémases (EPC) et les enterococcus résistants aux glycopeptides, généralement appelées "bactéries hautement résistantes aux antibiotiques".
"Ces bactéries ont acquis un niveau très élevé de résistance contre quasiment tous les antibiotiques disponibles", explique au Figaro Christian Rabaud, chef de service des maladies infectieuses du CHU de Nancy et membre du Centre d'appui et de prévention des infections associées aux soins (Cpias) Grand Est.
Ces bactéries multirésistantes aux antibiotiques "émergent en raison de la pression de sélection de ces médicaments", souligne-t-il, expliquant qu'il est nécessaire de mieux les utiliser.