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"Le virus est inarrêtable": pour l'infectiologue Éric Caumes, la stratégie Zéro Covid est "irréaliste"

L'infectiologue Éric Caumes, de l'hôpital Pitié-Salpêtrière à Paris, le 3 novembre 2021 sur RMC/BFMTV

L'infectiologue Éric Caumes, de l'hôpital Pitié-Salpêtrière à Paris, le 3 novembre 2021 sur RMC/BFMTV - BFMTV

La stratégie Zéro Covid consiste à fermer complètement des parties d'un territoire, ou un territoire complet, jusqu'à ne plus avoir du tout de cas de Covid recensé.

Ces dernières semaines, après plusieurs mois de fermeture pour se protéger de la pandémie de Covid-19, l'Australie et Singapour ont de nouveau ouvert leurs frontières. Ces États font partie de ceux qui ont essayé de mettre en place une stratégie Zéro Covid, soit d'éradiquer complètement le virus de leur territoire, et de confiner rapidement des zones au moindre cas.

Mais pour l'infectiologue Éric Caumes, "le virus est inarrêtable" et "l'option Zéro Covid qui avait été défendue par certains est une option qui était absolument irréaliste. Ce virus ne peut pas être arrêté", explique-t-il ce mercredi sur BFMTV-RMC. Il rappelle que le fait que "50% des gens qui l'ont sont asymptomatiques", ce qui entraîne des contaminations quasiment impossibles à contrôler.

"Il suffit de rouvrir les frontières pour que le virus rentre"

Ainsi, "il suffit de rouvrir les frontières pour que le virus rentre, et vous allez voir c'est ce qu'il va se passer en Thaïlande, à Singapour, en Australie, qui viennent de rouvrir les frontières", déclare l'infectiologue, "on ne peut pas vivre reclus sur soi-même comme l'a fait la Chine et d'autres. Ils rouvrent, et s'ils ne sont pas vaccinés correctement avec des bons vaccins, le virus va de nouveau circuler".

Car là où le virus n'a pas ou très peu circulé, une grande partie de la population n'a pas été naturellement immunisée. "C'est évident que là où la population n'a pas été confrontée à la maladie, là où on a empêché de circuler le virus en fermant les frontières et en faisant les restrictions, il est évident que ces populations-là vont être impactées lourdement", explique l'infectiologue. D'où l'importance du vaccin. Éric Caumes donne en exemple Singapour, qui affiche de très haut taux de vaccination.

Avec l'ouverture des frontières, "on voit le nombre de cas qui augmente de manière vertigineuse parce qu'ils ont accepté de laisser circuler le virus, mais bon ce sont des cas, cela ne se traduit pas en hospitalisations, ni en décès, en tout cas pas dans des proportions importantes parce qu'ils sont correctement vaccinés".

Il ne se dit toutefois pas forcément inquiet pour les autres pays qui seraient moins vaccinés, comme la Chine, car ce pays "nous a montré qu'il savait parfaitement maitriser: tester tracer isoler". Le risque est en revanche de "retomber dans un confinement au moins localisé, avec des conséquences pour la population, et à terme ce n'est pas tenable."

Salomé Vincendon
Salomé Vincendon Journaliste BFMTV