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Santé

Le don d’organes enregistre une baisse inédite 

(photo d'illustration)

(photo d'illustration) - Guillaume Souvant - AFP

Après un premier signal à l’automne dernier, l’Agence de biomédecine a confirmé une baisse d’activité de 5% en 2018. Une première après huit années de forte hausse.

Les préoccupations formulées à l’automne dernier se sont donc confirmées. Pour la première fois depuis neuf ans, les greffes d’organes ont chuté de 5%, tous organes confondus. "Cette baisse ne concerne pas les départements d’outre-mer, qui ont connu une croissance comme à La Réunion, où les dons ont plus que doublé", explique le professeur Yves Pérel, directeur général adjoint à l’Agence de biomédecine.

Cœur, poumon, foie, rein, pancréas… Au total, 5781 greffes ont été réalisées l’an dernier, contre 6105 en 2017. Si l’activité a été fortement ralentie au premier semestre, la baisse s’est atténuée grâce à un rebond de fin d’année, en novembre et décembre.

"50 donneurs victimes d’AVC en moins"

Première explication, et c’est paradoxalement une bonne nouvelle, la chute de la mortalité liée aux accidents vasculaires cérébraux (AVC). Il s'agit d'une baisse de 15% en un an, selon l’Agence de biomédecine.

"Des campagnes ont été menées pour alerter sur les symptômes et le besoin de prise en charge rapide des AVC. C’est quelque chose de bénéfique pour la population, il faut s’en réjouir", selon le professeur Olivier Bastien, directeur des prélèvements greffe organes-tissus. Mais cette bonne nouvelle a réduit le nombre de donneurs potentiels.

"Rien que sur ce type de patients victimes d’AVC, nous comptons 50 donneurs en moins l’an dernier. Et un donneur en moins, cela peut être plus de 300 greffes en moins ; car il peut donner plusieurs organes", poursuit Olivier Bastien. "Il faut donc réfléchir à d’autres sources de greffons, comme les dons de personnes vivantes, ce qui n’est évidemment pas possible pour le cœur, le poumon, le pancréas qui sont des organes vitaux, mais ce qui l’est pour le rein, voire le foie qui peut être partagé en deux". Aujourd’hui, ces dons du vivant proviennent quasi exclusivement des proches d’un malade.

Autre explication: l’épidémie de grippe l’hiver dernier - marquée par sa précocité et sa longueur - a accaparé les équipes des hôpitaux, et notamment les services de réanimation, dans lesquels sont effectués les recensements de donneurs disponibles et les prélèvements d’organes.

"La loi pas en cause"

Reste des nouvelles encourageantes. En France, le don d’organes repose sur le consentement présumé: toute personne est considérée comme donneuse après son décès, sauf si elle a exprimé un refus de son vivant. A défaut de consigne écrite, la famille peut attester la volonté du donneur, par écrit. Ce principe du don présumé a été réécrit et réaffirmé par une loi en 2017.

"Il y a eu une grande communication là-dessus. Cela a été fait pour diminuer le taux de refus. Et on l’observe, c’était 33% en 2016, on est désormais à 30% en 2018 et c’est une bonne nouvelle, qui contrebalance en partie la baisse du nombre de personnes qui décèdent par accident vasculaire cérébral", analyse Yves Pérel.

"Globalement, les Français sont généreux, ils adhèrent et ont confiance en la transplantation", conclut-il.

Margaux de Frouville