La vente d'un médicament détourné par des jeunes femmes pour prendre du poids va être restreinte

Des boîtes de médicament dans une pharmacie à Paris, le 19 octobre 2022. - Christophe ARCHAMBAULT / AFP
Le médicament Periactine, un anti-allergique utilisé de manière détournée par certaines personnes pour prendre du poids, ne sera plus vendu librement en pharmacie, a annoncé ce jeudi 27 juin l'agence du médicament.
À partir du 10 juillet, "tout médicament contenant de la cyproheptadine ne pourra être dispensé que sur prescription médicale", a annoncé dans un communiqué l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
Des femmes l'utilisent pour prendre du poids
La cyproheptadine, vendue par le laboratoire Teofarma sous le nom Periactine, est, à la base, un antiallergique vendu depuis plusieurs décennies. Mais il fait l'objet d'un usage détourné par des personnes, souvent des jeunes femmes, qui cherchent à prendre du poids. Cette molécule favorise en effet une augmentation de l'appétit, un effet vanté sur certains réseaux sociaux dans le but affiché de gagner des formes, notamment au niveau des fesses et de la poitrine. L'influenceuse aux multiples polémiques Poupette Kenza a par exempe déjà affiché sa prise de Periactine.
Or, la cyproheptadine peut causer une série d'effets secondaires, parfois graves, si elle est prise de façon incontrôlée (convulsions, arrêt respiratoire, coma...). Dans ce contexte, l'ANSM, qui appelait déjà à la vigilance depuis 2022 les professionnels de santé, a donc mis fin à la vente libre de ce traitement.
Les ordonnances de cyproheptadine devraient, de fait, être très rares puisque d'autres antiallergiques ont depuis fait leurs preuves avec une meilleure efficacité et moins d'effets secondaires.
Pas d'estimation chiffrée du mésusage
L'ANSM a pris sa décision "sur la base de ce qu'on voit sur les réseaux sociaux où il y a toujours une promotion importante de l'usage 'cosmétique'" de ce traitement, a expliqué à l'AFP Isabelle Yoldjian, directrice médicale à l'agence.
Difficile toutefois de se faire une idée de l'ampleur réelle de l'usage détourné de Periactine car, au-delà des pharmacies, ce traitement est largement vendu en ligne, de manière difficilement contrôlable.
"On ne peut pas avoir une estimation chiffrée du mésusage", admet Isabelle Yoldjian, estimant que les quelques cas d'effets indésirables recensés ces dernières années sont probablement en-dessous de la réalité. Si la mesure prise par l'ANSM aura un effet en pharmacie, il est plus difficile d'évaluer à quel point elle pourra agir sur les ventes en ligne.
"Nous ne sommes pas la police de l'internet", a reconnu Isabelle Yoldjian, qui juge toutefois que les actions entreprises par l'ANSM ont d'ores et déjà contribué à une meilleure prise de conscience des risques associés à un usage détourné de ce traitement.