La Sécurité sociale ne "reviendra pas à l'équilibre avant 2030" d'après Olivier Véran

Le ministre de la Santé Olivier Véran le 5 janvier 2022 à l'Assemblée nationale à Paris - Bertrand GUAY © 2019 AFP
Après les déficits records provoqués par le Covid, la Sécurité sociale "ne reviendra vraisemblablement pas à l'équilibre avant 2030", a estimé mercredi Olivier Véran, excluant par avance de "couper dans les dépenses de santé", mais pas de toucher aux retraites.
La crise sanitaire n'a pas fini de peser sur la Sécu: "La situation de nos comptes sociaux n'est pas bonne" et "nous mettrons du temps à (en) sortir", a prévenu le ministre de la Santé lors d'une audition devant les commissions des finances et des affaires sociales de l'Assemblée nationale.
La reprise économique entraine pourtant un redressement spectaculaire: de 38,7 milliards de pertes en 2020, à environ 25,5 milliards en 2021, nettement moins que prévu il y a encore quelque mois.
Pas d'augmentation d'impôts
Une "relative bonne nouvelle (qui) pourrait avoir un effet positif cette année et les suivantes", a indiqué son collègue des Comptes publics, Olivier Dussopt, sans se hasarder pour autant à une révision du déficit 2022, attendu autour de 20 milliards, en raison des "incertitudes sur les dépenses" liées à l'épidémie. La provision de 5 milliards pour les tests et les vaccins apparaît, en effet, déjà insuffisante, au regard de la flambée des tests de dépistages, dont la facture devrait s'élever à 1,6 milliard rien que pour le mois de janvier.
Mais une fois tournée la page du Covid, la Sécu restera "durablement" dans le rouge, "au dessus de 10 milliards" par an, a déclaré Olivier Véran. Une somme correspondant en grande partie aux hausses de salaires du "Ségur de la santé", qu'il faudra récupérer ailleurs, car "on ne va pas couper dans les dépenses de santé en sortie de crise (...) au risque de faire craquer notre système", a-t-il ajouté.
Pas question non plus d'augmenter les impôts ou les cotisations pour renflouer les caisses, ce qui "ne serait pas un service rendu à la croissance", a justifié Olivier Dussopt, pour qui l'équation "implique d'ouvrir la question de la réforme des retraites". Même si elle "mettra un peu de temps à produire ses effets", cela serait "la mesure la plus structurante immédiatement envisageable", a confirmé le ministre de la Santé.