La Fédération françaises des diabétiques veut une meilleure régulation des influenceurs sur les questions de santé

L'antidiabétique Ozempic, le 23 février 2023 à Paris - Joël SAGET
La Fédération française des diabétiques veut prendre part à la discussion. Alors qu'une proposition de loi sur la régulation de l'influence commerciale va être examinée à partir de ce mardi à l'Assemblée nationale, cette association de patients lance un appel pour l'encadrement des influenceurs sur les questions de santé.
Dans un communiqué transmis à BFMTV.com, la Fédération dénonce la promotion par des influenceurs "de remèdes miracles contre le diabète, de traitements anti-diabétiques dans le cadre d'une perte de poids ou encore de dispositifs médicaux pour une utilisation 'lifestyle'".
Un antidiabétique utilisé pour perdre du poids
La dernière alerte sur ce sujet date de début mars, avec un rappel de l'ANSM et de l'Assurance maladie sur le fait que le médicament antidiabétique Ozempic "doit être réservé au traitement du diabète de type 2 insuffisamment contrôlé".
"Des remontées de terrain font état d’un usage détourné chez des personnes non diabétiques dans un objectif de perte de poids", expliquaient alors les deux établissements publics dans un communiqué commun.
Les causes de cet "usage détourné", pour l'instant "limité" en France, sont en partie à chercher du côté du réseau social TikTok. Des personnes parfois très suivies (principalement américaines, mais pas uniquement) racontent leur "parcours de perte de poids" grâce à ce médicament sans nécessairement être atteintes de diabète.
Il s'agit de "publicité pour des produits de santé qui correspondent à un cadre rigoureux, qui dans ces cas n'est pas respecté", dénonce auprès de BFMTV.com Jean-François Thébaut, vice-président de la FFD.
L'Ozempic n'est pas un produit anodin et peut avoir des effets indésirables, comme des troubles gastro-intestinaux, des pancréatites ou des hypoglycémies. L'ANSM et l'Assurance maladie soulignent aussi que "le détournement de ce médicament pour perdre du poids a un impact direct sur sa disponibilité pour les patients diabétiques et peut causer, ou accentuer, des tensions d’approvisionnement les privant de ce traitement essentiel".
Des dispositifs médicaux pour du "divertissement"
La FFD pointe également les créateurs de contenus qui s'affichent avec un capteur de glucose alors qu'ils ne sont pas diabétiques, comme l'avait fait l'influenceuse Je ne suis pas jolie l'été dernier. Ces appareils permettent de mesurer le taux de glucose en temps réel et d'éviter les piqûres au doigt régulières.
"Ces comportements portent atteinte à l'image d'une communauté", celle des personnes atteintes de diabète, affirme Jean-François Thébaut.
Ils donnent "un côté ludique, bien-être à ces dispositifs, alors que le diabète est une maladie importante et contraignante. Certaines personnes ont été blessées de voir qu'on en faisait un usage de divertissement", explique le vice-président de la Fédération française des diabétiques.
Selon Santé publique France, un organisme public dépendant du ministère de la Santé, le diabète concerne plus de 3,6 millions de personnes en France: cette maladie chronique expose à de nombreuses complications, comme l'AVC ou l'insuffisance cardiaque.
La FFD demande la suspension des comptes concernés
Cette association voudrait que la proposition de loi portée par les députés Stéphane Vojetta et Arthur Delaporte, respectivement Renaissance et Socialiste - Nupes, aille plus loin. Pour l'instant, le texte permet de clarifier que les règles qui s'appliquent à la publicité sur tous les autres canaux concernent également les influenceurs.
La FFD "demande à ce que soient suspendus les comptes sur les réseaux sociaux des 'influenceurs' faisant la promotion d'une utilisation 'out-label' des traitements ou dispositifs médicaux et dans les cas les plus graves une poursuite systématique pour pratique médicale ou pharmaceutique illégale".
Elle demande plus globalement que soit "précisé le cadre applicable à l'information et à la communication relatives aux produits de santé", les faits dénoncés n'étant pas toujours des publications dans le cadre de partenariats rémunérés.