BFMTV
Santé

Les autorités sanitaires alertent sur le détournement d'un antidiabétique pour perdre du poids

L'antidiabétique Ozempic, le 23 février 2023 à Paris

L'antidiabétique Ozempic, le 23 février 2023 à Paris - Joël SAGET

La prise d'Ozempic sans recommandation médicale peut "entraîner des effets indésirables potentiellement graves" mais aussi des tensions d'approvisionnement pour les diabétiques.

L'Ozempic, un antidiabétique devenu la star des réseaux sociaux, va faire l'objet d'une "surveillance renforcée" en France, annoncent ce mercredi dans un communiqué commun l'Assurance maladie et l'ANSM (Agence de sécurité du médicament). Ce médicament est promu par certains influenceurs pour ses propriétés amaigrissantes, faisant craindre des problèmes d'approvisionnement et des risques pour les personnes non-malades en consommant.

"Des remontées de terrain font état d'un usage détourné chez des personnes non diabétiques dans un objectif de perte de poids", indique le communiqué, rappelant que son utilisation doit être réservée aux diabétiques.

Sur TikTok, le mot-clé #Ozempic culmine ainsi actuellement à plus de 500 millions de vues. "J'ai commencé Ozempic il y a six semaines", raconte une tiktokeuse américaine dans une vidéo vue près de 100.000 fois. "Je n'ai fait aucun exercice, je me suis juste injecté le produit!".

2185 bénéficiaires d'Ozempic considérés comme non diabétiques

Les autorités sanitaires vont donc renforcer la surveillance de l'Ozempic par le suivi des données de vente et de remboursement, des signalements d'usage non conforme et des déclarations d'effets indésirables aux centres régionaux de pharmacovigilance. Ce médicament s'obtient normalement uniquement sur prescription médicale, dans le traitement du diabète de type 2 insuffisamment contrôlé.

Selon les données citées par l'ANSM, entre octobre 2021 et octobre 2022, environ 600.000 patients ont reçu un médicament de la classe des analogues du GLP-1, dont 215.000 patients la spécialité Ozempic. Parmi ces derniers, "2185 bénéficiaires d'Ozempic peuvent être considérés comme non diabétiques selon les estimations de l'Assurance Maladie", relève l'Assurance maladie, estimant ainsi le mésusage à environ 1%.

Des détournements "limités" selon les autorités, qui s'inquiètent toutefois de l'impact sur la disponibilité du produit pour les patients diabétiques.

Risque de tensions d'approvisionnement et inquiétude sanitaire

Des tensions sur l'approvisionnement ont ainsi été constatées par l'ANSM et le laboratoire Novo Nordisk commercialisant ce médicament, notamment en raison d'une explosion de la demande au niveau mondial. Interrogé par l'AFP en février, Novo Nordisk a admis que sa "capacité d'approvisionnement actuelle ne répond pas toujours à cette demande excédentaire" et a déploré "une disponibilité intermittente et des ruptures de stock périodiques".

Le médicament est ainsi en situation de pénurie en Australie.

D'autre part, l'Ozempic n'a jamais été approuvé comme un traitement pour la perte de poids. Il peut "entraîner des effets indésirables potentiellement graves, tels que des troubles gastro-intestinaux, des pancréatites ou des hypoglycémies", mettent en garde les autorités de santé.

Pour le Pr Jean-Luc Faillie, en charge de la pharmacovigilance du médicament, les risques de sa prise sont "maîtrisés" au vu des bénéfices dans le diabète mais "il y a toujours des incertitudes, notamment chez les patients obèses sur le long terme".

"Si on l'utilise pour perdre quelques kilos, là le bénéfice thérapeutique est nul, c'est juste de l'esthétique alors que les risques sont toujours présents", met-il en garde.

Salomé Vincendon
Salomé Vincendon avec AFP Journaliste BFMTV