Charcuterie, eau, légumes... La consommation de nitrites associée à un risque accru de diabète de type 2

Image d'illustration - des paquets de jambon dans un supermarché - AFP
Une étude publiée ce mardi soir dans PLOS Medecine démontre que les personnes ayant un degré d'exposition élevé aux nitrites présentaient "un risque plus élevé de développer un diabète de type 2." Elle a été réalisée par une équipe de chercheurs issus de l'Inserm, de l’INRAE, de l’Université Sorbonne Paris Nord, d’Université Paris Cité et du Cnam.
"Il s'agit de la première étude de cohorte à grande échelle qui suggère une association entre les nitrites provenant d’additifs et un risque potentiellement accru de diabète de type 2", expliquent Bernard Srour, chercheur post-doctoral à l’Inserm, et Mathilde Touvier, directrice de recherche Inserm, qui ont piloté cette étude.
Ces résultats proviennent de l'analyse de données de 104.168 participants issus de la cohorte NutriNet-Santé, suivis entre 2009 et 2021. Aucun d'entre eux ne présentait de diabète de type 2 à l’inclusion dans l'étude.
Ces volontaires ont "renseigné en détail leurs consommations alimentaires", ce qui a permis à l'équipe scientifique d'évaluer avec précision leur consommation de nitrates et de nitrites. Leur lieu d'habitation était aussi renseigné, ainsi qu'une foule d'informations à leur sujet, afin de connaitre leur degré d’exposition à ces substances au quotidien.
"Un risque plus élevé de développer un diabète de type 2"
Les nitrites comme les nitrates existent en effet de façon naturelle dans notre environnement, "dans certains aliments (notamment les légumes) ainsi que dans l’eau et les sols ; les pratiques agricoles et industrielles peuvent accentuer ce phénomène", expliquent les chercheurs.
Ces deux produits peuvent être également ajoutés intentionnellement dans l'alimentation, sous la forme d'additifs alimentaires, écrit l'Anses. Les nitrites sont ainsi "utilisés pour empêcher le développement de bactéries pathogènes, comme les salmonelles et la listeria", et sont surtout présents dans la charcuterie.
Grâce à l'importante cohorte à disposition, et les nombreuses données fournies, les chercheurs ont pu établir que "les participants ayant une exposition plus élevée aux nitrites (provenant spécifiquement d’additifs alimentaires, mais aussi de sources 'non-additifs') présentaient un risque plus élevé de développer un diabète de type 2."
Pour rappel, le diabète de type 2 est le plus courant en France, 92% des diabétiques ont un diabète de type 2, explique l'Assurance Maladie.
L'augmentation du risque de développer ce diabète "était de 27% pour les personnes ayant la plus forte consommation de nitrites totaux, par rapport à ceux ayant la plus faible consommation", écrivent les chercheurs. L'augmentation des risques grimpe jusqu'à 53% "pour les personnes consommant le plus de nitrites provenant des additifs et de 26% pour les nitrites provenant d’autres sources", est-il précisé.
Aucune association entre l’exposition aux nitrates et le risque de diabète de type 2 n’a en revanche été retrouvée.
"La nécessité d’une réduction de l’utilisation des additifs nitrités"
"Plus de 15.000 produits emballés sur le marché français contiennent actuellement des nitrites et ou des nitrates", rappelle le communiqué de presse. "Notre alimentation nous expose quotidiennement aux nitrites et aux nitrates", écrit aussi l'Anses.
Déjà en juillet 2022, l'Anses écrivait confirmer "l’existence d’une association entre le risque de cancer colorectal et l’exposition aux nitrites et/ou aux nitrates". L'agence de la sécurité alimentaire écrivait également que "d’autres risques de cancers sont suspectés mais les données disponibles ne permettent pas, à ce jour, de conclure à l’existence d’un lien de causalité."
"Ces résultats fournissent un nouvel élément de preuve dans le contexte des discussions actuelles concernant la nécessité d’une réduction de l’utilisation des additifs nitrités dans les viandes transformées par l’industrie alimentaire", écrivent les deux chercheurs à la tête de l'étude.
Cela pourrait "également soutenir la nécessité d’une meilleure réglementation de la contamination des sols par les engrais."
Le gouvernement français a annoncé cet été un plan d'action pour réduire, voire supprimer, l'utilisation "des additifs nitrés dans tous les produits alimentaires où cela est possible sans impact sanitaire et cela le plus rapidement possible."
