La consommation de boissons sucrées plus risquée pour le cœur que celle de friandises, selon cette étude

Rayon jus de fruits d'un supermarché à Septemes-les-Vallons, près de Marseille, le 3 novembre 2022. Photo d'illustration - Christophe SIMON / AFP
Une surprenante découverte. Consommer des boissons sucrées, telles que des boissons aux fruits ou des sodas, augmente davantage le risque de maladies cardio-vasculaires que les friandises comme les pâtisseries, le chocolat ou les bonbons, selon une étude suédoise publiée ce lundi 9 décembre par Frontiers.
Une étude qui souligne "l’importance de tenir compte non seulement de la quantité de sucre consommée, mais aussi de sa source et de son contexte", affirme Suzanne Janzi, chercheuse à l’Université Lund en Suède et première auteure de l’étude, dans un communiqué.
Attention, il ne faut pas oublier que de manière générale, la consommation excessive de sucres ajoutés augmente le risque de maladies cardio-vasculaires selon cette étude menée sur près de 70.000 Suédois, hommes et femmes âgés de 45 à 83 ans, suivis pendant 22 ans. Mais il apparaît que ces sucres ajoutés sont encore plus néfastes pour la santé quand ils sont contenus dans les boissons.
"Une consommation extrêmement faible de sucre pourrait ne pas être bénéfique"
L'étude porte sur les boissons contenant des sucres ajoutés, comme les sodas ou les boissons aux fruits, ce qui exclut les jus de fruits. La consommation de plus de huit verres par semaine de boissons aux fruits ou de sodas augmente le risque d’anévrisme de l’aorte abdominale de 31%, d'AVC ischémique de 19% ou encore d'insuffisance cardiaque de 18%. À noter que "même sans sucre ajouté, un jus de fruits peut contenir autant de sucre qu’un soda", souligne toutefois auprès du Figaro Mathilde Touvier, directrice de recherche en épidémiologie nutritionnelle à l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale).
Le risque avec les friandises ou les garnitures comme le miel ou la confiture, est beaucoup moins important à en croire l'étude qui affirme par ailleurs que la consommation en quantité raisonnable de quelques pâtisseries tend à réduire ce risque.
"Les chiffres montrent que les personnes qui en consomment 14 par semaine baissent leur risque de développer des problèmes cardiaques de 30%, comparés à ceux qui n’en consommeraient que 2", explique Suzanne Janzi.
"Bien que notre étude d’observation ne puisse pas établir de lien de cause à effet, ces résultats suggèrent qu’une consommation extrêmement faible de sucre pourrait ne pas être nécessaire ou bénéfique pour la santé cardiovasculaire", avance la chercheuse.
"Cela pourrait refléter des comportements alimentaires sous-jacents: les individus consommant très peu de sucre pourraient avoir un régime alimentaire très restrictif ou limiter leur consommation de sucre en raison de problèmes de santé préexistants", note-t-elle par ailleurs.
La consommation de garnitures sucrées réduit quant à elle le risque de contracter une insuffisance cardiaque de 10% et la sténose aortique de 15 à 20% selon la quantité, assure l'étude. La modération est toutefois toujours de mise. Le risque d’anévrisme de l’aorte abdominale augmente de 34% en cas de consommation excessive, soit supérieure à 28 portions par semaine. De manière générale, l’Anses recommande de ne pas "consommer plus de 100 grammes de sucres par jour (hors lactose et galactose) et pas plus d’un verre de boisson sucrée".
Des sucres liquides qui "procurent moins de satiété"
S'il est établi que des travaux supplémentaires seront nécessaires pour comprendre la différence entre les impacts des boissons sucrées et des friandises sur le corps, une piste est déjà avancée: le mode de consommation.
"Les sucres liquides, que l’on trouve dans les boissons sucrées, procurent généralement moins de satiété que les formes solides, c’est-à-dire qu’ils donnent l’impression d’être moins rassasié, ce qui peut conduire à une surconsommation", explique Suzanne Janzi. De plus, "le contexte joue également un rôle".
"Les friandises sont souvent consommées dans un cadre social ou lors d’occasions spéciales, alors que les boissons sucrées peuvent être consommées plus régulièrement", abonde la chercheuse.
"Il est aussi courant de consommer un verre de soda en dehors des repas, ce qui engendre un pic glycémique supplémentaire, impactant de manière plus importante le risque de maladie cardio-vasculaire", ajoute néanmoins auprès du Figaro Guillaume Walther, professeur en physiologie expérimentale cardio-vasculaire à l’université d’Avignon.
"Certes, il y a peut-être un effet physiologique différent entre les types de sucre. Peut-être que le sucre ingéré dans un liquide est plus délétère que celui contenu dans une pâtisserie, cela fait l’objet de recherche. En revanche, dire qu’il y aurait un effet protecteur à consommer des pâtisseries, là ce n’est pas plausible", nuance également Mathilde Touvier, directrice de recherche en épidémiologie nutritionnelle à l’Inserm auprès de BFMTV.
Pour trouver des explications plus scientifiques, comme des différences de métabolisation, les chercheurs aimeraient mener des études sur d'autres populations. "Nos résultats sont basés sur une population suédoise, dont les habitudes alimentaires et les facteurs liés au mode de vie peuvent différer de ceux d’autres populations", a déclaré Suzanne Janzi. "Ces résultats ne peuvent pas être transposés directement à d’autres populations ayant des cultures alimentaires différentes".
Cet article a été mis à jour pour préciser que l'étude portait sur les boissons contenant des sucres ajoutés, ce qui exclut les jus de fruits, qui légalement ne peuvent en contenir. Pour autant, il est établi que certains jus de fruits peuvent contenir autant de sucre qu'un soda.