"L'impression d'avoir échoué": comment les soldats souffrant de stress post-traumatique sont accompagnés

Des hommes traumatisés. Après une mission à l'étranger, de nombreux soldats reviennent non seulement blessés physiquement, mais aussi psychologiquement. Pour les aider à surmonter le stress post-traumatique dont ils souffrent, une maison spécialisée de l'Armée accueille une soixantaine de militaires à Aix-les-Bains, en Savoie.
Ces maisons, baptisées Athos, accueillent au total plus de 300 militaires dans le pays. L'Hexagone en compte 4 actuellement. En plus d'Aix-les-Bains, on en recense une à Bordeaux, en Gironde, une à Toulon, dans le Var, et une autre près d'Auray, dans le Morbihan.
Des activités de groupe comme thérapie
À Aix-les-Bains, un râteau à la main, Julien, sergent-chef dans l'armée de terre, s'attelle sur sa petite parcelle de jardinage. Pour lui, cette activité a été une vraie découverte et une forme de thérapie, après les scènes violentes auxquelles il a été confrontés lors d'opérations extérieures.
"Quand je gratte la terre, ça me libère l'esprit et ça m'évite de penser au passé", confie-t-il à BFMTV.
Julien a combattu pendant plus de 18 ans pour l'Armée française. Pendant toutes ces années, il s'est rendu sur presque tous les fronts. Témoin de scènes violentes, le sergent-chef revient ensuite en France sans que le stress post-traumatique, ce trouble anxieux sévère qui apparaît après qu'une personne a vécu une expérience traumatisante, ne soit décelé chez lui.
"Je suis tombé gravement dans l'alcool", lâche-t-il, très ému, à notre micro.
Après avoir connu une période difficile, Julien parvient malgré tout à s'en sortir. "J'ai fait un sevrage et à partir de jour-là, en 2015, c'est zéro alcool", assure-t-il.
Un environnement sain et adapté
Désormais, son trouble a été diagnostiqué et il est accompagné sur le plan psychologique, à Aix-les-Bains. Un environnement adapté à chaque militaire. "On vient ici, chacun a ses problèmes, ses addictions, ses médicaments", explique Julien.
Malgré cette aide, il faut savoir se montrer patient. "Ce n'est pas parce qu'on vient dans cette maison qu'on ne fait pas de cauchemar", souligne le militaire, assurant qu'il sent "toujours cette épée de Damoclès" au-dessus de sa tête, lui disant de "faire attention au lendemain".
Il se veut cependant optimiste: "les jours passent et le travail paye".
"L'impression d'avoir échoué"
Lui aussi sergent-chef dans l'armée de terre, Simon est un habitué de cette maison d'Aix-les-Bains. Arrivé en septembre, il parvient, après de longs mois de travail psychologique, à prendre du recul par rapport aux événements traumatiques qu'il a vécu. "C'est la maison Athos qui m'a permis de me projeter vers un après", assure-t-il.
Le militaire est auparavant passé par des périodes de doutes et de lourde remise en question. "On a l'impression d'avoir échoué à la mission parce que la mission c'était de tenir, de servir la France le plus longtemps possible", concède-t-il.
"Quand on lâche, on a l'impression d'avoir failli personnellement et en même temps, on a un sentiment d'abandon des camarades qui est dur aussi à accepter", estime-t-il.
"Recréer du lien"
Outre le jardinage, les patients de la maison d'Aix-les-Bains multiplient les activités tout au long de la journée, avec la présence quotidienne de six accompagnateurs.
"On les aide à se remobiliser, à recréer du lien avec leur environnement de proximité, leur famille, certains avec le régiment, d'autres au contraire ne voudront plus voir leur régiment. On respecte la temporalité et les besoins de chacun", explique René Debuire, directeur de la maison Athos d'Aix-les-Bains.
Après ce séjour, peu de ces militaires envisagent de retourner sur le terrain pour une nouvelle mission. Le ministère des armées envisagent la mise en place de 10 maisons de ce type dans tout le pays.