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Comment l'armée française s'entraîne en vue d'une éventuelle guerre de haute intensité

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Les soldats français s'entraînent pour développer des compétences nécessaires face à un conflit de haute intensité. A Sissonne, dans l'Aisne, ils simulent par exemple un affrontement en milieu urbain.

La mission: libérer le village de Jeoffrécourt. A Sissonne, dans l'Aisne, des militaires français s'affrontent à bord de chars dans un milieu urbain et doivent reprendre un village fictif à un ennemi tout aussi imaginaire.

Ils agissent dans le cadre d'un exercice qui a pour but d'entraîner les soldats aux caractéristiques d'une guerre de haute intensité, ces conflits qui mobilisent l'ensemble des forces opérationnelles.

Ce type d'affrontement semble faire son retour en Europe avec la guerre en Ukraine depuis février. Mais en réalité, "depuis la guerre du Donbass", débutée en 2014, et "celle du Haut-Karabakh", qui a duré six semaines en 2020, "les nations occidentales se préparent à vivre des conflits plus durs après des décennies de combat asymétrique", note un rapport d'information de l'Assemblée nationale de février 2022.

Un exercice militaire de grande ampleur en 2023

Dans ce cadre, l'armée française prépare un exercice d'ampleur inédite au premier semestre 2023, qui mobilisera sur plusieurs mois jusqu'à 12.000 militaires sur le territoire dans un scénario de conflit majeur contre un État. Il s'agit de l'exercice "Orion": il doit impliquer toutes les composantes des armées (terre, mer, air, spatial) dans l'ensemble des champs matériels et immatériels (cyber, informationnel...).

"En 2017, la Revue stratégique (française) décrivait l'arrivée de la perspective d'un conflit majeur et la nécessité de s'y préparer. Il faut adapter notre préparation opérationnelle et notre doctrine d'emploi" après plus de deux décennies de guerre asymétrique contre les djihadistes, a expliqué en novembre, lors d'une conférence de présentation d'Orion, le général Yves Metayer, commandant de la division emploi des forces à l'état-major des armées.

Fausses mines et chars

Au programme donc pour les soldats qui s'entraînent dans l'Aisne: fausses mines à désactiver et tirs de chars. Ils apprennent à utiliser ces véhicules dans un contexte de guerre urbaine, où les changements constants de position sont essentiels.

"La survie d'un char, c'est certes son blindage mais aussi sa mobilité", explique à BFMTV le colonel Guillaume, chef de corps du 12e régiment de cuirassiers.

Ce régiment est spécialisé dans les blindés et dans le combat de haute intensité. L'objectif de ces entraînements est une montée en puissance des armées face aux risques. Ce processus est dans les cordes des militaires français, selon le rapport d'information de l'Assemblée nationale de 2022.

La commission de la défense nationale et des forces armées y note qu'"en dépit de la réduction des formats et des effets de la contrainte budgétaire", entraînant par exemple une diminution de la flotte de l'armée de l'air, "la France a veillé à conserver toutes ses compétences en vue d’une éventuelle remontée en puissance".

Par Clémence Dibout, Camille Fournier et Anthony Métrot avec Sophie Cazaux