Hospitalisations, réanimations: les voyants repassent au rouge en France

Le nombre de personnes malades du Covid-19 hospitalisées en réanimation a continué de grimper mardi, à 2829, selon les chiffres de Santé publique France. La limite des 2800 a été franchie lundi pour la première fois depuis mi-décembre, marquant une augmentation de la pression sur le système hospitalier. Et alors que la barre des 300 admissions quotidiennes en réanimation n'avait pas été dépassée depuis mi-novembre, 315 malades du Covid-19 ont été hospitalisés ces dernières 24h.
"Il n'y a pas d'explosion mais on a un plateau qui s'élève doucement, les taux de positivité augmentent, et mécaniquement on a plus d'admis, et si on a plus d'admis, sept, huit jours plus tard on a plus de malades sévères en réanimation", explique ce mercredi Christophe Rapp, infectiologue à l'hôpital américain de Paris et consultant santé BFMTV, pour qui cette situation actuelle est "le fruit du brassage des populations à Noël", ainsi qu'une conséquence d'un climat plus froid.

"On voit que même si on a le sentiment d'être sur un plateau, on est plutôt sur un plateau légèrement asecendant, on craint dans les semaines à venir une augmentation plus importante", explique mardi matin sur BFMTV Karine Lacombe, cheffe du service des maladies infectieuses à l'hôpital Saint-Antoine (Paris).
· La faute au variant britannique?
Le variant britannique a été identifié en décembre au Royaume-Uni, qui a mis en place des mesures très dures pour endiguer sa très rapide propagation, car il est plus contagieux. Mais pour l'instant, "on n'a pas l'impression qu'il accélère l'épidémie" en France, déclare Christophe Rapp. Selon une enquête flash, il représenterait dans le pays, pour le moment, environ 1,5% des personnes contaminées par le coronavirus.
Les chiffres actuels, et inquiétants, de propagation du Covid-19, "pour l'instant c'est sans l'effet variant ce qui est une préocuppation supplémentaire", explique l'infectiologue.
"Ce n'est probablement pas cela qui explique que [les chiffres] aient autant augmenté sur les derniers jours, c'est une conjonction de facteurs", abonde sur BFMTV Pierre Tattevin, chef du service des maladies infectieuses au CHU de Rennes.
· Pas d'effet du couvre-feu?
"On sait que le premier couvre-feu du 2 janvier a permis de freiner un petit peu l'épidémie dans les quinze départements" concernés au départ, explique Christophe Rapp, "maintenant il est généralisé depuis quelques jours sur tout le territoire, mais c'est encore un peu tôt" pour mesurer ses résultats.
"L'effet couvre-feu tend à se faire sentir", déclarait également mardi matin le ministre de la Santé Olivier Véran.

"Le couvre-feu mis en place dans la deuxième quinzaine d'octobre avait marché, on sait que le couvre-feu marche", a assuré mardi soir sur BFMTV Arnaud Fontanet épidémiologiste à l'Institut Pasteur et membre du Conseil scientifique.
Mais selon lui, "il faut attendre 8-10 jours pour voir l'impact de ces mesures. Maintenant on n'a pas beaucoup de marge de manoeuvre parce qu'on est déjà à un niveau très élevé d'occupation des lits d'hopitalisation et de réanimation, donc il faut vraiment que l'on voit cet impact très vite".
· Vers un troisième confinement?
Pour l'épidémiologiste, si les mesures actuelles ne font pas rapidement leurs preuves, un reconfinement est inévitable: "On a très peu de temps parce qu'on a cette menace qui plane sur nous d'un variant qui pourrait émerger en mars et dont il faudrait casser la dynamique (...) il faut que cela paye vite, parce que si malheureusement on n'a pas de signaux positifs rapidement, on sera obligé d'aller sur des mesures plus dures".
"Les 15 jours qui viennent vont être très importants parce que l'on va peut-être devoir être plus restrictifs avec notamment la possibilité de confinement généralisé, ou éventuellement des limitations de déplacement entre les régions, avant l'étape ultime qui est le troisième reconfinement", déclare également Christophe Rapp.
Dans un avis du 13 janvier, le Conseil scientifique recommandait déjà pour endiguer l'épidémie, en plus du couvre-feu à 18 heures, un confinement national, ou au moins local, et la limitation des déplacements inter-régionaux.
