BFMTV
Santé

Hôpital: 1.510 nouveaux postes d'internes en moins à la rentrée, une pétition lancée par des étudiants

placeholder video
À l'automne, le nombre de postes d'internes en médecine sera nettement moins élevé que l'année précédente, avec 1.510 postes en moins. Des étudiants dénoncent une "profonde injustice".

Nettement moins de postes créés cette année à l'hôpital. À partir de la rentrée de novembre, 1.510 postes d'internes en médecine de moins seront ouverts comparé à 2023 dans les établissements de santé, d'après les chiffres publiés en juillet au Journal officiel (JO), note France Info vendredi 16 août, après calcul.

Le mois prochain, ce sont seulement 7.974 postes qui seront ouverts, contre 9.484 un an plus tôt, a comptabilisé le média, s'appuyant sur les données publiées par le Centre hospitalier universitaire.

La médecine générale et l'ophtalmologie souffrent notamment d'une baisse de -18% du nombre d'ouvertures de postes, quand la médecine d'urgence en recense 15% de moins.

L'internat est le nom donné au troisième cycle d'études médicales, période durant laquelle les étudiants se spécialisent et se professionnalisent via des stages en milieu hospitalier.

Une pétition demande la réouverture "urgente" de postes

Une pétition a été mise en ligne le 8 août sur la plateforme Change.org pour demander de façon "urgente" la "réouverture de postes pour l'internat".

"Nous, étudiants en sixième année de médecine, alertons de la profonde injustice dont nous sommes victimes: l'inaccessibilité à de nombreux postes de spécialité pour la rentrée 2024-2025. Nous demandons une réouverture de postes", dit la pétition.

Ils dénoncent notamment les "nombreuses réformes" dans leur formation, dont la "réforme de la PACES-One (première année commune aux études de santé) mettant fin aux redoublements autorisés" et "celle de la R2C (Reforme du deuxième Cycle)". La pétition a récolté près de 9.000 signatures en date du 17 août.

"Problématique pour les patients"

Janet Abdesselam, interne en médecine générale à l'AP-HP, explique à BFMTV avoir été "très étonnée" par l'annonce parue au JO.

"C'est déjà très compliqué, malheureusement, il n'y a pas assez de médecins en place", dit-elle, alors qu'elle suit son internat dans un service d'urgences. "Ça risque d'aggraver les choses", redoute-t-elle.

Même discours du côté du vice-président de l'intersyndicale nationale des internes Yassine Bahr. "Il risque d'y avoir un délai d'attente un peu plus long (...) que ce soit en consultation, lors de la prise en charge des urgences. Ça risque d'être problématique pour les patients", estime-t-il auprès de BFMTV.

Une décision "qui s'explique", selon un médecin

De son côté, le chef des urgences de l'hôpital Georges-Pompidou à Paris, Philippe Juvin, également député de La Droite républicaine, estime que la baisse du nombre de postes ouverts constitue une "disposition technique qui s'explique".

"Il y a eu moins de candidats" cette année à l'entrée en internat, assure-t-il. En cause, selon lui, l'examen national qui se déroule en fin de sixième année d'étude de médecine qui a vu ses "modalités" changer "énormément quasiment au dernier moment".

"Ça a causé du trouble chez les étudiants qui ont décidé pour un certain nombre de ne pas passer l'examen et de redoubler. Donc logiquement, les autorités sanitaires, comme il y avait moins de candidats, ont mis moins de postes", explique le médecin.

"On ne forme pas suffisamment de médecins"

Selon le chef des urgences, cette situation "révèle un problème plus important, c'est qu'on ne forme pas suffisamment de médecins en France aujourd'hui".

"Il y a eu une augmentation du numerus clausus, c'est-à-dire du nombre d'étudiants acceptés en deuxième année de médecine, d'environ 15% ces dernières années", note-t-il. Insuffisant cependant, selon lui.

"La population augmente, elle est plus âgée, elle est plus malade. Il faut beaucoup plus de médecins que ça. (...) C'est ça le vrai sujet", soutient-il.

Juliette Desmonceaux